Disparition du saumon dans le bassin Loire : "C'est tout le monde aquatique que se réduit", alerte l’association Loire grands migrateurs

"Il y a le changement climatique qui est indéniable, mais il y a aussi l'usage de l'homme sur le milieu", affirme Aurore Baisez, directrice de l’association Loire grands migrateurs (Logrami), vendredi sur franceinfo.
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Un saumon atlantique. (BRUNO MATHIEU / BIOSPHOTO)

"L'absence de saumons, c'est tout le monde aquatique qui se réduit", a alerté vendredi 12 janvier sur franceinfo Aurore Baisez, directrice de l’association Loire grands migrateurs (Logrami). Selon cette dernière, le nombre de saumons atlantiques a baissé de façon "alarmante" en 2023 sur le bassin Loire. 113 saumons y ont été comptabilisés en 2023 contre 261 en 2022 et 1 431 seulement huit ans auparavant, en 2015.

"Le réchauffement climatique" et "l'usage de l'homme sur le milieu" sont responsables de cette disparition, assure Aurore Baisez. Et selon elle, "dans un avenir proche", c'est "l'ensemble des éléments de l'écosystème que le monde connaît" qui est menacé.

franceinfo : A quoi est due cette disparition des saumons ? Est-ce que le réchauffement climatique y est pour quelque chose ?

Aurore Baisez : En grande partie oui. Le changement climatique est à l'origine des faibles effectifs que l'on a ces dernières années. Il faut savoir qu'un cycle de saumons c'est long : cinq ans. Donc l'adaptation est beaucoup plus ralentie par ces cycles de vie qui sont lents. Il faut plusieurs générations pour s'adapter à ces conditions. Et un saumon vit dans l'eau froide. Donc on aura du mal à changer ce paradigme.

Est-ce qu'ils disparaissent purement et simplement ou est-ce qu'ils choisissent d'autres territoires qui seraient plus adaptés à leur métabolisme ?

Il y a plusieurs choses. Il y a le changement climatique qui est indéniable, mais il y a aussi l'usage de l'homme sur le milieu. Et en l'occurrence, ce qui se passe dans la rivière Allier est également essentiellement dû à l'usage de l'eau et le fait qu'il y en ait peu dans les rivières. Il ne faut pas non plus mettre tout sur le dos du changement climatique. Il y a d'autres éléments qui expliquent la situation actuelle. Les barrages ralentissent la progression des poissons. Mais il y a aussi tous les usages autour de l'eau, avec ce qui est fait pour l'agriculture, pour l'industrie, qui est une eau qui est retirée de la rivière, donc qui est en déficit par rapport au milieu naturel.

Est-ce que moins de saumons dans la Loire, dans ses affluents, cela veut dire plus de saumons ailleurs, ou est-ce que la population diminue sur l'ensemble du territoire français ?

Globalement, les aires de répartition et de production du saumon étaient générales au niveau de l'Europe. Donc mathématiquement, lorsqu'on réduit la surface de production et les habitats, il y a moins de saumons. On n'a pas un report puisque les densités ne peuvent pas augmenter à certains endroits. Donc ce qu'on perd d'un côté, on ne le gagne absolument pas de l'autre.

Est-ce qu'au-delà des saumons, la biosphère est perturbée ?

On pourrait s'interroger, pourquoi se battre pour garder du saumon dans l'Allier ? C'est parce que la présence de cette espèce est également importante pour l'ensemble du milieu. L'absence du saumon dans ces territoires alerte sur un dysfonctionnement global du système du milieu aquatique altiligérien et doit nous alerter sur la problématique de l'eau. L'absence de ce saumon, c'est l'alerte pour nous dire que l'Allier va mal. C'est tout le monde aquatique qui se réduit. Et c'est peut-être aussi, malheureusement, dans un avenir proche, l'eau du robinet qui ne sera plus là. Donc l'absence de l'eau dans la rivière, c'est aussi l'absence de l'eau qui se met dans le sol et donc qui produit l'ensemble des éléments de l'écosystème que le monde connaît.

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