Détournement d'un avion par la Biélorussie : "C'est le signe d'une répression qui ne cesse de s'accroître", dénonce Reporters sans frontières
L'État de Biélorussie est "le pire pour les journalistes" sur le sol européen, estime le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire.
"C'est le signe d'une répression qui ne cesse de s'accroître", a dénoncé sur franceinfo ce lundi Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières après le détournement d'un vol Ryanair à Minsk pour s'emparer de Roman Protassevitch, un journaliste opposant du régime de Loukachenko. "Le Conseil européen qui se réunit doit prononcer des sanctions" car "ce pays sur le sol européen, c'est le pire pour les journalistes. Il est classé 158e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse".
franceinfo : À quoi peut servir le Conseil européen qui se tient ce lundi à Bruxelles après le détournement de cet avion par Minsk ?
Christophe Deloire : le Conseil européen qui se réunit doit prononcer des sanctions et trouver des moyens d'arriver à imposer des résultats et le résultat doit être, la libération de Roman Protassevitch. Il faut que le régime paye une action aussi grave parce que c'est un dangereux précédent. Il faut que le régime Loukachencko mette fin à sa répression contre les journalistes. Cette histoire peut paraître extravagante, rocambolesque sortie d'un film d'espionnage. En réalité, elle est extrêmement inquiétante car sur le territoire européen, un chef d'État, un despote comme Loukachenko arrive à détourner un avion par des moyens scélérats pour pouvoir incarcérer un journaliste.
"Loukachenko n'a cessé de s'en prendre aux journalistes par tous les moyens."
Christophe Deloire, Reporters sans frontièresà franceinfo
Qu'est-ce que ça montre cette opération de détournement ?
Ça montre que les prédateurs de la liberté de la presse sont capables à chaque fois d'une inventivité nouvelle. C'est franchement inédit, c'est très inquiétant. C'est le signe d'une répression qui ne cesse de s'accroître. Depuis l'élection présidentielle contestée d'août 2020 Loukachenko n'a cessé de s'en prendre aux journalistes par tous les moyens notamment des arrestations massives, des violences, des menaces, parfois des tortures, des coupures d'internet et des blocages de sites d'informations de référence, censure de la presse écrite et accès restreint à l'information. Il a tout utilisé. Ce qu'il n'avait pas utilisé jusque-là c'est le détournement d'avion. Maintenant c'est fait.
Quelle est la situation de la liberté de la presse en Biélorussie ?
Ce pays sur le sol européen, c'est le pire pour les journalistes. Il est classé 158e sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse. Une chute de 5 places d'une année sur l'autre. Un pays dans lequel il y a entre 15 et 20 journalistes en détention arbitraire avec des peines de plus en plus graves. Ce chiffre ne reflète pas l'ampleur de cette répression à laquelle il est important qu'on trouve le moyen de mettre fin. C'est une répression absolument terrible qui vise à mettre un pays sous contrôle à le tenir sous sa botte parce que ce pays a voulu résister à des élections truquées en août 2020.
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