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Elections en Argentine : Kirchner risque-t-elle de tout perdre ?

Les Argentins se rendent aux urnes ce dimanche. Particulièrement craintes par Cristina Kirchner, les élections législatives partielles doivent renouveler la moitié de la Chambre des députés et le tiers du Sénat. Au plus bas dans les sondages d'opinion, absente de la campagne à cause d'une opération, la Présidente argentine risque de tout perdre en cas de vote sanction. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Reuters)

Certains prédisent déjà la fin du "kirchnérisme ", la dynastie de la famille Kirchner qui détient le pouvoir depuis 2003. Les Argentins renouvellent dimanche la moitié des sièges de l'Assemblée, et un tiers de ceux du Sénat. Peu d'observateurs parieraient un peso sur la victoire de Cristina Kirchner, la Présidente argentine, qui risque fort de perdre sa majorité parlementaire. 

Au pouvoir depuis 2007, où elle a succédé à son mari, Nestor Kirchner, la présidente péroniste avait été facilement réélue en 2011, avec 54% des suffrages. La mort de "Nestor", en octobre 2010, avait notamment été l'occasion d'un immense soutien de la population argentine. 

Sa popularité en chute libre

Mais depuis 2011, Cristina Kirchner a vu son image se dégrader. Elle bénéficie aujourd'hui de 35% de popularité, et les manifestations contre sa politique se multiplient depuis quelques mois. 

Ce désaveu a différentes explications. La personnalité de Cristina Kirchner est décriée par l'opposition argentine. La presse critique son goût pour le luxe et voit d'un mauvais oeil l'incroyable augmentation de la fortune familiale des Kirchner depuis sa prise de pouvoir : de 7,4 millions de pesos (910 000 euros) en 2003 à 70,5 millions (8,7 millions d'euros) en 2010. 

Les marchés parient sur sa défaite

Surtout, c'est la situation économique du pays qui lui est reprochée. L'inflation dépasse les 20% depuis plusieurs années, et l'Argentine, l'un des principaux exportateurs de céréales dans le monde, peine à suivre la demande alimentaire mondiale. 

Les réserves de la banque centrale ont chuté à 34 milliards de dollars (25 milliards d'euros) contre 43 milliards en janvier. Et si les marchés argentins se sont relevés, c'est uniquement dans l'espoir d'une défaite du camp de Cristina Kirchner aux prochaines élections. 

Une campagne marquée par son absence

De plus, la Présidente argentine n'a sans doute pas préparé la campagne électorale comme elle l'aurait voulu. La faute à une chute survenue à la fin de l'été et qui a nécessité l'opération d'un hématome au cerveau. En convalescence et forcée au repos, la veuve de l'ancien présidente Nestor Kirchner a marqué la campagne par son absence. 

Evénement particulièrement marquant, les élections primaires communes au Front pour la victoire (FPV), le parti péroniste, organisées en août, ont été l'occasion d'une déroute électorale pour le courant de Cristina Kirchner. 

A l'issue de ce qui s'apparentait comme une répétition des législatives, les candidats fidèles à Cristina Fernandez n'ont obtenu que 26% des voix, soit la moitié du score de la coalition présidentielle 2011, et un candidat choisi personnellement par la présidente a enregistré un revers dans la province particulièrement importante de la capitale, Buenos Aires.

Buenos Aires sera un des principaux enjeux des élections législatives de ce dimanche, puisque Sergio Massa, un dissident du kirchnérisme, et ancien chef de cabinet de la présidente, s'y présente et devrait nettement l'emporter dans cette circonscription-clé et fief électoral du parti de Cristina Kirchner, le FPV. 

La fin de la dynastie Kirchner ? 

Si ces mauvais scores se confirment, l'hypothèse d'une candidature de Cristina Kirchner au scrutin présidentiel de 2015 s'éloignerait. En Argentine, un troisième mandant consécutif n'est pas autorisé. Mais la Présidente argentine avait laissé entendre qu'elle pourrait amender la Constitution afin de lui permettre de se représenter.

Et si ses partisans n'atteignent pas la majorité de deux tiers des sièges, comme l'annoncent tous les observateurs, difficile de faire passer un tel amendement. On assisterait alors peut-être à la fin de la dynastie Kirchner, au pouvoir depuis 2003.

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