Cet article date de plus de huit ans.

Dans les décombres de Palmyre reprise à Daech

Palmyre, la "Perle du désert", a été reprise fin mars par l’armée syrienne aidée par l’aviation russe. Derrière eux, les combattants de Daech ont laissé mines antipersonnel et documents. Reportage de notre envoyée spéciale en Syrie Valérie Crova.
Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Rues impraticables, cratères laissés par les explosions, maisons aux toits effondrés et aux murs criblés de balles... Palmyre porte les stigmates de la guerre. © Radio France / Valérie Crova)

 A côté de la cité antique, réputée dans le monde entier, il y a aussi une ville moderne qui accueillait 70.000 habitants avant que Daech ne rentre dans la ville en mai 2015. La plupart d’entre eux ont fui les destructions et les exactions commises pendant les 10 mois qu’aura duré la présence des combattants de l’Etat islamique. Certains habitants commencent aujourd’hui à revenir. Et l’on découvre aussi des documents laissés par des membres de Daech avant qu’ils ne soient chassés de Palmyre

Dans les décombres de Palmyre reprise à Daech - reportage de Valérie Crova

4.000 engins explosifs disséminés dans la ville 

L’explosion des mines rythme le quotidien de la ville de Palmyre depuis que la ville est sous le contrôle de l’armée syrienne. Il y aurait plus de 4 000 engins explosifs disséminés un peu partout dans la ville et les ruines. Ce sont les militaires russes qui sont chargés du déminage. Nous ne pourrons pas accéder à la cité antique : "Interdiction de passer", nous prévient ce soldat russe, un foulard noué autour du visage pour se protéger du vent.

  (Des habitants reviennent dans le centre-ville détruit par Daech. A gauche, la citadelle, vue depuis le centre-ville. © Radio France / Valérie Crova)

Quelques habitants reviennent par petits groupes pour voir l’étendue des dégâts après l’opération militaire qui a conduit à la libération de la ville moderne, détruite à 50 %. Une jeune femme arrive de Homs, où elle vit depuis dix mois. Cette habitante de Palmyre a fui une semaine après que les combattants de Daech sont entrés dans la ville. "Si Dieu le veut, quand l’eau et l’électricité seront rétablis, nous seront les premiers à revenir à Palmyre ." 

Vestes militaires et documents de propagande 

Abou Oussama nous emmène dans sa maison qui a été occupée par des combattants de l’Etat islamique. Les combattants ont laissé une veste militaire derrière eux, sur le sol. "Ce genre de blouson-là , explique-t-il, n’est pas utilisé par l’armée syrienne. Ils sont portés par les gardes de l’Etat islamique ." 

 

 

Il faudra attendre plusieurs jours pour que les habitants de Palmyre ne retrouvent leurs maisons. Le colonel Samir nous accompagne dans l’ancien palais de justice de Palmyre utilisé comme prison et tribunal par les hommes de Daech. Nous descendons au sous-sol : quelques documents trainent sur le sol. Notre guide traduit pour nous : "On lit 'Il y a quelques croyants de l’Etat islamique qui ont attaqué les pays du Mal en Europe... Paris… »  "  

 

Sur les pages d’un manuel d’école, comment tirer à la kalachnikov

Le colonel Samir a collecté plusieurs dossiers qu’il conserve dans son bureau. Il nous montre par exemple un cahier où sont consignées les permissions des combattants. Ici un congé de deux jours pour Raqqa.

  (manuels)

Plus loin, un registre de classe de l’Etat islamique, avec le nom des élèves. Ou ce qui ressemble à des cours d’école : on y trouve notamment, au fil des leçons, la bonne manière de tirer à la kalachnikov, ou comment doit être la famille. Niqab pour les femmes, combat pour les hommes. 

  (sciences)
 

Autant de documents qui permettent d’en savoir davantage sur l’état d’esprit des combattants de Daech, leurs façons de voir le monde et de l’inculquer aux enfants. Avec parfois quelques ratés : un élève a ainsi eu 0/20 à son devoir sur l’histoire de la vie du prophète. Il ne connaissait pas les grandes étapes de la vie de Mahomet.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.