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Un Chinois à la tête d’Interpol: une nomination qui interpelle
Meng Hongwei a été élu le 10 novembre 2016 à la présidence d’Interpol, qui tenait sa 85e Assemblée générale à Bali. C’est la première fois qu’un Chinois prend la tête de l’organisation de coopération policière, fondée en 1914 et basée à Lyon. Certains pays et ONG ont émis des réserves à cette nomination. Selon eux, Pékin pourrait en profiter pour faire arrêter des dissidents réfugiés à l’étranger.
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C’est fini pour la patronne de la police judiciaire française, Mireille Ballestrazzi. Elle passe la main à Meng Hongwei pour un mandat de quatre ans. Mais cette nomination fait des vagues. Pour certains observateurs, elle pourrait aider le gouvernement chinois à traquer des personnes soupçonnées de corruption ou d'infractions à caractère économique ayant fui à l'étranger.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le président Xi Jinping mène une campagne anti-corruption. Un de ses volets, l'opération Skynet, vise à rapatrier les suspects. Pékin a déposé une liste de 100 personnes les plus recherchées auprès d'Interpol en avril 2014, dont environ un tiers a été ramené en Chine pour y être jugé, selon Associated Press.
Mais pour les détracteurs du programme Skynet, il s’agit d’une purge déguisée au sein du PCC. Et la garantie d’un procès équitable au retour des personnes dans le collimateur de Pékin est loin d’être acquise.
Meng Hongwei avec Mireille Ballestrazzi et Jürgen Stock
PHOTO: Newly-elected INTERPOL President Hongwei Meng talks with former President Mireille Ballestrazzi and Secretary General Jürgen Stock pic.twitter.com/grKlEYBNxj
— INTERPOL (@INTERPOL_HQ) November 10, 2016
Interpol peut émettre une alerte internationale
La nomination de M.Meng, auparavant directeur adjoint de la police armée, force paramilitaire souvent déployée dans les régions les plus instables du pays (Tibet, ouest du Xinjiang et frontière avec la Corée du Nord), a donc soulevé quelques réserves de la part de certains représentants des 190 pays membres d’Interpol (la Chine y a adhéré en 1984) et d’organisations des droits de l‘Homme.
William Nee, spécialiste de la Chine à Amnesty International, estime ainsi que «cette nomination est inquiétante car la Chine a longtemps utilisé (...) Interpol pour arrêter des dissidents et des réfugiés à l'étranger. (…) Il est arrivé que la Chine abuse du système Interpol pour viser des dissidents ouighours qui, à notre connaissance, n'avaient rien fait de répréhensible selon les standards internationaux.»
Interpol n'a pas le pouvoir d'envoyer des policiers dans les pays pour arrêter des individus, ni pour délivrer des mandats d'arrêt. Mais il peut émettre un avis rouge, une alerte internationale pour une personne recherchée.
Le refus d’accepter Taïwan comme observateur
Peu avant le début de l’Assemblée générale, où Interpol devait mettre sur la table les différentes mesures policières prises pour lutter contre la cybercriminalité, le terrorisme et le crime organisé, Taïwan avait demandé à devenir observateur dans l’organisation, soutenu en cela par les Etats-Unis, comme l’écrit Taïwan Info. La demande – la première en 32 ans – avait été refusée quelques jours plus tard par Mireille Ballestrazzi et Jurgen Stock, la présidente et le secrétaire général d’Interpol.
Y a-t-il un lien de cause à effet avec l’élection de M. Meng? La concomitance de sa nomination et du rejet de la candidature de l’ex-Formose peut poser question. Combattre le crime est une «opération sans frontières» et n’a rien de politique, a fait valoir le gouvernement de Taipei après ce refus, selon le site The China Post news staff. Taïwan avait quitté Interpol en 1984 après l'entrée de la Chine continentale dans l'organisation. Pour sa part, le porte-parole du Parti démocrate progressiste taïwanais (opposition) Wang Min-sheng a appelé Pékin à ne pas utiliser de moyens politiques pour entraver les efforts de Taïwan.
La question de l'île est une affaire intérieure chinoise, a réaffirmé de son côté le ministère des Affaires étrangères de l’Empire du Milieu. Avant de conclure: «Interpol est une organisation intergouvernementale composée d'Etats souverains.»
«Depuis 1949, Taïwan possède son propre gouvernement, sans pour autant jamais avoir déclaré son indépendance. Son nom officiel est d’ailleurs République de Chine. Et pour Pékin, l'île fait partie de son territoire», notait Géopolis après la visite d’un dignitaire chinois en août 2016.
Pour autant, Meng Hongwei, dorénavant à la tête de la deuxième plus grande organisation internationale après l'ONU, se dit prêt à faire «tout ce qu'il peut pour la cause de la police dans le monde». Car «nous sommes actuellement confrontés à certains des défis mondiaux les plus graves en matière de sécurité publique depuis la Deuxième guerre mondiale...»
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