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Reportage Taïwan : dans les îles Kinmen, toutes proches de la Chine, beaucoup veulent croire à "une réunification pacifique"

À tout juste un mois de l'élection présidentielle à Taïwan, les 100 000 habitants de l'archipel de Kinmen savent qu'ils pourraient se retrouver en première ligne en cas d’attaque de la Chine.
Article rédigé par Sébastien Berriot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un touriste taiwanais observe les côtes de la Chine depuis une plage de Kinmen (Sébastien Berriot)

Dans tout juste un mois, le 13 janvier prochain, les électeurs de Taïwan se rendront aux urnes pour élire un nouveau président. Un scrutin qui va se dérouler sur fond de vives tensions entre la Chine communiste et les autorités indépendantistes actuellement au pouvoir à Taïwan. Et parmi ceux qui vont participer à cette élection, il y a les 100 000 habitants des îles Kinmen, un archipel qui est administré par le gouvernement taïwanais, mais qui a la particularité d’être situé à seulement quelques kilomètres du territoire chinois.

Sur la plage de Kinmen, tous les promeneurs ont les yeux braqués de l’autre côté du rivage. À moins de cinq kilomètres, on aperçoit clairement les grands immeubles de la ville chinoise de Xiamen. L'armée taïwanaise est installée quelques dizaines de mètres plus loin, sur un petit îlot qui fait face à la Chine. Ces derniers mois, des drones chinois ont à plusieurs reprises survolé Kinmen mais pour cet industriel, Hang Ye, qui travaille dans l'alimentation, il ne faut pas avoir peur de la Chine : "Les habitants de Kinmen savent que si le continent veut lancer une attaque, il ne visera pas Kinmen, mais directement Taïwan. Nous ne sommes pas vraiment inquiets à ce sujet. Pourquoi la Chine continentale est-elle relativement amicale aujourd’hui à l'égard de notre île ? Parce que les Chinois veulent montrer aux Taïwanais qu’à travers Kinmen, une réunification pacifique est possible, avec des contacts entre les deux rives du détroit. C’est pour cela que ce n’est pas vraiment tendu ici."

Sur l'une des plages de Kinmen, de vieux poteaux anti-débarquement datant de de la fin des années cinquante  sont encore visibles (Sébastien Berriot)

Kinmen est certes administré par Taïwan, mais on tient beaucoup ici au maintien des liens avec la Chine, comme l'explique ce chef d'entreprise, Cheng Sheng Xue : "Nous espérons vivement que les deux rives du détroit pourront être réunifiées pacifiquement. C’est vraiment ce qu’attend la population." Les indépendantistes du DPP, le parti de la présidente sortante de Taïwan Tsai Ing-wen, ont toujours eu du mal à percer à Kinmen. Les militants du parti sont tout de même présents sur le terrain pour faire campagne et alerter selon eux sur les interférences de la Chine dans le processus électoral. Lee Haolun, représentant local du DPP : "Il y a beaucoup de groupes venant de Kinmen qui visitent la Chine et qui font des échanges. Au cours des déplacements, on a remarqué que les fonctionnaires chinois en profitent pour transmettre des messages aux visiteurs de Kinmen, dans le but d'influencer les choix électoraux de la population locale. Bien sûr, nous sommes inquiets."

Au-delà de la politique, les habitants de Kinmen pensent d'abord à leur quotidien. Ils espèrent que le résultat de la présidentielle à Taïwan apaisera les tensions dans le détroit et permettra ainsi peut-être le retour des touristes chinois, toujours interdits d'accès à Kinmen, une source de revenus qui fait cruellement défaut.

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