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Reportage Recrutement dans les campagnes, augmentation de salaires... En Chine, les patrons tentent désespérément de recruter des ouvriers

Deux mois après la levée des restrictions sanitaires contre le Covid-19, le retour à la normale se fait attendre dans certaines usines. De nombreux travailleurs migrants partis dans leurs régions d’origine pour les congés du Nouvel An ne sont toujours pas revenus. Reportage près de Shanghai.
Article rédigé par Sébastien Berriot, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des ouvriers au travail dans une usine de Suzhou (Chine), en février 2023. (SEBASTIEN BERRIOT / RADIO FRANCE)

Au cœur de la gare de Suzhou, dans la région de Shanghaï, à l'est de la Chine, les voyageurs qui descendent du train sont replongés quelques instants dans la période anti-Covid-19. Des cabines de tests ont été installées sur le parvis de la gare, mais aucun dépistage n’est pratiqué.

>> Chine : la facture salée de la politique "zéro Covid"

Ces habitacles ont été transformés en centres de recrutement pour les usines du secteur. À l’intérieur de l’un des kiosques, une hôtesse nous explique : "Notre travail consiste principalement à recruter des ouvriers pour les usines de produits électroniques à Shanghai, Wuxi, et Suzhou."

Une campagne de recrutement très offensive

Ce dispositif original d'embauche est mis en place pour accueillir les ouvriers qui arrivent à la gare de Suzhou, ceux que l’on appelle en Chine les travailleurs migrants. Ils sont des dizaines de millions venus des campagnes chinoises à travailler dans les grandes usines du pays. Chaque année, ils repartent chez eux pour les vacances du Nouvel An, et reviennent ensuite sur leur lieu de travail à la mi-février. Mais cette année, le retour se fait attendre : la politique "zéro Covid" a laissé des traces.

Des ouvriers chinois originaires des campagnes font la queue devant une usine de Suzhou, en février 2023. (SEBASTIEN BERRIOT / RADIO FRANCE)

Beaucoup de migrants n’ont pas vu leurs familles pendant trois ans et certains ont décidé de rester dans leur village d'origine. Cela cause de grosses difficultés pour certaines usines qui, faute de main d’œuvre suffisante, ne peuvent pas retrouver leur cadence de production normale, malgré la levée des restrictions sanitaires. À Suzhou, les autorités ont donc lancé une campagne de recrutement très offensive pour aider les entreprises. "Nous envoyons des bus dans plusieurs provinces pour aller recruter les ouvriers, décrit Lou Jia, responsable d’une zone d’activités. Nous les emmenons directement de leur ville natale ici à Suzhou. Il existe ici un certain nombre d’agences de services RH qui fournissent des annonces de recrutement pour les usines."

"Les salaires ne sont pas très intéressants"

La directrice d'une usine de cosmétique raconte, elle aussi, les efforts consentis dans l'espoir d'attirer des travailleurs : "Pour assurer la production au premier trimestre, nous avons promis cinq yuans de plus par heure aux ouvriers, et aussi une prime aux agents qui recrutent. Nous payons un peu plus pour que notre recrutement se passe bien", glisse-t-elle également. 

Mais après le Covid, certains ouvriers migrants ont revu leurs exigences à la hausse, comme ce jeune homme originaire de la province du Henan, et qui vient d’arriver à Suzhou : "Dans notre village, j’ai vu qu’ils avaient envoyé des bus pour prendre les ouvriers, mais les salaires ne sont pas très intéressants".

Comme si la politique "zéro Covid" avait fait réfléchir les ouvriers migrants sur leur sort. Certaines entreprises, à l'image de Foxconn, ont compris le message. Le fabricant d'IPhone avait proposé en janvier des primes de 13 000 yuans (l'équivalent de 1 800 euros) pour les ouvriers qui accepteraient de rester au travail pendant le Nouvel An.

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