Cet article date de plus de neuf ans.

La Chine des minorités, par la photographe Dany Herbreteau

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
«La Chine des minorités ou les peuples oubliés» (2013) et «La Chine des minorités ou les peuples des brumes» (2014) sont deux livres réalisés par la photographe Dany Herbreteau (éditions Favre) au long des ses nombreux voyages en Chine méridionale entre 1980 et aujourd’hui. A travers des centaines de photos magnifiques, c’est une Chine secrète, cachée, qu’elle nous fait découvrir.

En Chine, 90% de la population fait partie de l’ethnie des Hans. Les 10% restants sont composés de 56 «minorités nationales», terme générique pour désigner des groupes de population en situation d’infériorité numérique, caractérisés par une identité propre : ethnique, culturelle, religieuse ou linguistique.
 
Près de la moitié est regroupée dans le sud de la Chine, principalement dans les provinces du Yunnan et du Sichuan, que nous découvrons dans ce premier volume. Dans le second ouvrage, Dany Herbreteau nous emmène un peu plus à l’est dans les provinces du Guizhou, du Hunan, du Guangxi et du Fujian.
 
Méprisés tout au long des siècles par les Hans, ces peules se sont repliés sur eux-mêmes, vivant pratiquement en autarcie. Ils luttent aujourd’hui pour conserver leur mode de vie séculaire, leurs langues et leurs coutumes ancestrales. 
 
Ainsi, certaines ethnies ont décidé de tourner définitivement le dos à la modernité, vivant au cœur des forêts ou au plus haut des montages, «oubliés, voire inconnus des instances gouvernementales».
 
 «Le mode de vie n’a presque pas changé depuis des siècles : pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de chauffage. Beaucoup de jeunes partent pour la ville, travailler dans des usines», raconte la photographe.
 
La photographe a dû braver les difficultés administratives, Pékin ne comprenant pas pourquoi des étrangers s’intéressent à ces «peuples primitifs vivant dans le féodalisme» dans des «régions arriérées».
 
C’est donc en véritable ethnographe que Dany Herbreteau a voulu nous faire découvrir ces peuples méconnus.
 
Vingt photos tirées des deux ouvrages et représentant des femmes habillées en costumes de cérémonies ou traditionnels illustrent ce propos.

On dénombre sept millions de Yi vivant principalement au Yunnan et quelques groupes disséminés au Guizhou et au Guangxi. Ce peuple est composé de plus de 70 clans (Yi noirs, Yi à croix, Yi fleuris…). C’est un peuple des montagnes. De langue tibéto-birmane, ils parlent cependant différents dialectes, selon les clans.  (Dany Herbreteau)
Les Lissu sont une branche des Yi. Anciens chasseurs, ils se sont tournés vers l’agriculture et l’élevage. Ils résident en Chine, en Birmanie, en Thaïlande et dans l’état indien de l’Arunachal Pradesh. Animistes pour la plupart, certains d’entre eux sont devenus chrétiens à partir du milieu du 19e siècle, suite à l’introduction du protestantisme et du catholicisme dans la région.
 
  (Dany Herbreteau)
C’est l’une des minorités la plus importante du sud-ouest de la Chine. Leur nombre s’élève à environ dix millions d’individus. Ils sont majoritairement établis dans les provinces du Guizhou et du Guangxi mais aussi Yunnan, Sichuan Hubei et Hunan. Ils ont résisté aux influences bouddhistes, confucéennes, taoïstes, chrétiennes et islamiques. Peuple sans écriture, il a grâce à ses légendes et ses chants mais surtout son art de la broderie su transmettre son héritage historique et culturel. Ils se divisent en 83 groupes et sous-groupes (Miao rouges, jaunes, à cornes, à plumes...). Chacun d’eux possède un costume distinctif. (Dany Herbreteau)
Si cette ethnie est rattachée officiellement aux Miao, eux réfutent entièrement cette appartenance. Ils voudraient être reconnus comme la 57e ethnie et pouvoir conserver leurs traditions.
 
  (Dany Herbreteau)
C’est la première nationalité minoritaire de l’histoire de Chine. Leur nom apparait au VIIe siècle. Ils sont aujourd’hui environ deux millions et demi. Les trois quarts vivent principalement dans la région du Guangxi.
 
  (Dany Herbreteau)
C’est la plus grosse communauté avec 15 à 17 millions d’individus repartis entre le Guangxi (90%) et le Yunnan. Si, comme beaucoup d’ethnies, ils sont avant tout animistes, le taoïsme et le bouddhisme a gagné peu à peu leur culture. Les Zhuang ont joué un rôle important dans la défense du territoire. Avec les Han, ils formèrent l’Armée de la Bannière noire qui, à trois reprises, refoula les envahisseurs.
  (Dany Herbreteau)
A la différence de nombreux autres groupes, les Bai vivent dans les vallées fertiles qui bordent le lac Erhai de la province du Yunnan. Leur culture et leur religion sont une synthèse de traditions indiennes, chinoises et tibétaines. (Dany Herbreteau)
Ils sont les descendants de nomades Qiang issus des hauts plateaux tibétains desquels ils ont gardé les coutumes chamanistes et animistes. Ils sont réputés pour leur pharmacopée. La danse et la musique jouent un rôle primordial dans leur culture. L’organisation sociale des Naxi est de type matriarcal. En 1997, l’Unesco a classé la ville de Lijiang, le chef lieu autonome des Naxi, au patrimoine mondial de l’humanité. Ce qui a pour conséquence désastreuse de voir des milliers de touristes principalement chinois déferler sur cette région. (Dany Herbreteau)
Les Mosso vivent sur les contreforts de l’Himalaya à la limite du Yunnan et du Tibet. Cette région historiquement tibétaine fut intégrée à la Chine en 1965. Ils constituent un sous-ensemble de la nationalité Naxi. Leur société est de type matriarcal, les femmes occupent la place la plus élevée au sein de la famille. Il n’existe ni mariage ni concubinage mais  un système appelé «amis-amants». La jalousie est quelque chose de très mal vu. Malgré une propagande en faveur du mariage et de la monogamie orchestrée par les autorités chinoises pour tenter d’abolir ce système, les Mosso sont restés fidèles… à leur coutumes. (Dany Herbreteau)
Ce peuple tibéto-birman vit en grande majorité dans la province du Yunnan entre les montagnes Ailao, le Mékong et le fleuve Rouge. Les autres se situent dans les provinces montagneuses du nord du Laos, ainsi que dans l'Etat Shan de Birmanie. Au sein de leur communauté, les jeunes jouissent d’une grande liberté sexuelle comme c’est le cas dans beaucoup de minorités.  (Dany Herbreteau)
Ils sont apparentés aux Thaï de l’ancien royaume du Siam et aux Shan de Birmanie. Il existe au sein de cette communauté plusieurs sous-groupes comme les Han-Dai et les Yao-Dai. La plupart se sont installés en grande partie au Xishuangbanna, subdivision administrative du sud de la province du Yunnan. (Dany Herbreteau)
Ils ont été reconnus officiellement comme minorité nationale en 1979. Peu nombreux, à peine 20.000, ils vivent dans de minuscules villages au Xishuangbanna et dans le district de Jinghong.
  (Dany Herbreteau)
Vers le Xe siècle, cette ethnie se scinde en deux. Certains se sédentarisent dans le sud du pays  dans les montagnes situées entre le Mékong et le Salouen. Les autres restent des nomades voyageant entre la Chine, le Vietnam, la Thaïlande, le Laos et la Birmanie. Leur langue se rapproche des langues yi de la famille des langues tibéto-birmanes. (Dany Herbreteau)
C’est l’une des ethnies les moins connues de Chine. Ces anciens chasseurs de têtes vivent dans des régions reculées des montagnes à la frontière sino-birmane. Ils sont 800.000 en Birmanie et 400.000 en Chine. Les Wa de Chine cultivent le riz alors que la culture de l’opium s’est développée au fils des décennies chez les Wa de Birmanie. (Dany Herbreteau)
Eux aussi vivent à la frontière sino-birmane où ils cultivent le thé depuis toujours. Ils pratiquent un bouddhisme teinté d’animisme. Une petite minorité est chrétienne.  (Dany Herbreteau)
Comme les Wa et les De’ang, ils vivent  à cheval sur la frontière avec la Birmanie. C’est l’une des plus petites minorités du Yunnan.
  (Dany Herbreteau)
D’origine tibéto-birmane, les Achang comptent entre 30.000 et 35.000 personnes dont la quasi-totalité vivent dans la préfecture autonome de Dehong de la province du Yunnan. Leurs ancêtres sont parmi les premiers habitants de cette province. Ils ne possèdent pas d'écriture spécifique. Ils utilisent les idéogrammes chinois. (Dany Herbreteau)
Ils vivent de part et d’autres de la frontière birmane. Ils sont voisins des De’ang, des Lissu et des Achang. Ils sont proches d’un peuple d’Inde appelé Singpho et habitent dans les forêts montagneuses. Les villages sont reliés entre eux par de nombreux chemins. Ils cultivent le caoutchouc, le thé, le café et le coton.  (Dany Herbreteau)
Ils vivent en quasi autarcie aux confins du Guizhou et du Guangxi. Cet isolement leur a permis de développer une civilisation particulière où le chant fait partie intégrante de leur culture. Leur langue est considérée comme l'une des plus difficiles à comprendre et à parler. S’ils avaient pu être préservés des évolutions de la Chine contemporaine, ce n’est plus le cas aujourd’hui car depuis plusieurs années le gouvernement chinois a décidé de moderniser la région et de lancer une campagne d'alphabétisation. (Dany Herbreteau)
Avec près de trois millions d’individus, ils tirent leurs ressources des récoltes de riz, de colza et de légumes et de la fabrication de pâte d’indigo utilisée comme teinture. Ils vivent dans des forêts en altitude, dans les préfectures de Xingyi, Anshun et dans les provinces du Guizhou, du Yunnan et du Sichuan. Quelques-uns se sont convertis au christianisme et à l'islam. (Dany Herbreteau)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.