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La Chine championne des inégalités entre villes et campagnes

En Chine, les inégalités sociales liées à la croissance économique restent à un niveau élevé, selon les chiffres officiels. Alors que le fossé entre les villes et les campagnes s’est creusé, l’ampleur des inégalités au sein de la deuxième économie mondiale est une source de mécontentement au sein la population.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des travailleurs migrants chinois s'agenouillent pour réclamer des impayés de salaire, lors d'une manifestation sur une place de Weinan, ville au nord-ouest de la province du Shaanxi, le 10 janvier 2013. (Mu caiyuan / Imaginechina)

L’économie chinoise est l’une des plus dynamiques de la planète. Mais le fait que les inégalités sociales augmentent préoccupe le régime communiste. Tout en encourageant l’urbanisation, ce dernier tente péniblement d’œuvrer pour le développement des campagnes. 

En 2013, le coefficient de Gini, l'un des plus utilisés pour mesurer l’inégalité dans la distribution des revenus sur une échelle de 0 à 1, s’est établi à 0,473 en 2013, contre 0,474 en 2012, selon le Bureau national des statistiques chinois. Ces chiffres officiels démontrent un recul très marginal des inégalités sociales qui, selon les experts du BNS, deviennent préoccupantes au-delà de 0,40, car elle risquent d'entraîner des troubles sociaux. 

«Ce n'est pas un niveau bas. Selon les critères internationaux, un coefficient supérieur à 0,4 signifie qu'il subsiste des inégalités importantes à résoudre dans la répartition des revenus», a ainsi expliqué devant la presse, le 20 janvier 2014, Ma Jiantang, directeur du BNS. La valeur zéro du coefficient Gini représente une société parfaitement égalitaire où tout le monde dispose du même revenu, et la valeur 1 un monde où tous les revenus sont concentrés entre les mains d'une seule personne. 

Ecart de revenus de 1 à 3 
Selon le BNS, le revenu annuel net des habitants ruraux s'est établi en 2013 à 8.896 yuans, soit 1.080 euros en moyenne, tandis que le revenu annuel disponible moyen des citadins s’élevait à 26.955 yuans, soit 3.264 euros. Cet écart de 1 à 3 entre le niveau de revenus des ménages urbains et celui des ruraux s’explique notamment par les différences de niveau d'éducation, l’âge des habitants et la taille des foyers. Le fait que les urbains bénéficient plus souvent de logements sociaux et d’une couverture sociale plus étendue, notamment en matière de retraite, peut également expliquer cet écart de revenus, selon l'Observatoire des inégalités.

Signe d’un léger rééquilibrage entrepris par le gouvernement chinois, le revenu net annuel des résidents des zones rurales a progressé de 9,3% en 2013, alors que celui des urbains ne progressait que de 7% (après ajustement en fonction de l'inflation). Les analystes de la banque Barclays ont ainsi observé quelques «changements structurels positifs en 2013: les inégalités villes-campagnes tout comme les disparités régionales (entre les régions côtières et l'intérieur du pays) se sont réduites». Ils ont également relevé que «ce sont les salaires des travailleurs migrants qui ont enregistré l'an dernier la progression la plus rapide». Leur niveau de revenus mensuels moyens a, en effet, bondi de 13,9% sur un an à 2.609 yuans, selon le BNS.

Gini, un indice de référence
La dernière référence à l'indice Gini datait de 2010 et s’élevait à 0,61. Le BNS avait publié pour la première fois en 2000 le coefficient de Gini pour la population chinoise, qui s'élevait alors à 0,412, mais il s'était ensuite refusé à dévoiler toute actualisation de ce chiffre pendant plus de dix ans. Cet indice est considéré comme particulièrement sensible par les autorités chinoises qui doivent actuellement faire face à des troubles liés à la corruption d'élus locaux. Sur un plan politique, la population associe étroitement la corruption aux inégalités.

Selon le très officiel Global Times, la société chinoise est devenue l’une des plus inégalitaires au monde. Le fossé entre riches et pauvres a atteint un niveau «alarmant». Pour l'écrivain dissident chinois Liao Yiwu, aujourd'hui réfugié en Allemagne, le climat n’a fait qu’empirer, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent en Occident. 

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