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Hong Kong: les habitants mobilisés contre l’emprise de Pékin

Un «référendum citoyen» sur le mode d'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017 a mobilisé les Hong-Kongais. Ce petit territoire du sud de la Chine compte 7,2 millions d'habitants, dont 3,5 millions d'électeurs. Les associations pro-démocratie menacent d’organiser un sit-in géant avant la fin de l’année si Pékin ne propose pas une réforme électorale.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des habitants de Hong Kong participent au référendum, le 22 juin 2014, pour l'élection de leur président au suffrage universel. (AFP - EyePress News)

La Chine a promis d'instaurer le suffrage universel direct pour l'élection du chef de l'exécutif en 2017 et celle du parlement en 2020. Mais les candidats devront être approuvés par un comité largement acquis à Pékin, ce que refusent de nombreux démocrates locaux. Dans le système actuel, le «chef du gouvernement» de Hong Kong est élu par un comité de 1.193 grands électeurs composé majoritairement de proches de Pékin.
 
Près de 800.000 citoyens de l'ancienne colonie britannique (contre les 300.000 attendus par les organisateurs) ont pris part au référendum officieux, clôturé le 29 juin 2014. Lors de cette consultation facultative pour l'élection de leur chef exécutif au suffrage universel, les citoyens pouvaient voter en ligne ou se déplacer dans des bureaux de vote disséminés à travers le territoire.

Scrutin «illégal» pour Pékin
Jugé anti-patriotique par Pékin, ce référendum a été qualifié d’«illégal» et accusé par les médias d’Etat d'être motivé par la «paranoïa politique». «Risible» et «probablement truqué», selon le quotidien chinois Global Times, directement sous le contrôle du Parti communiste chinois (PCC). Le China Daily, autre quotidien officiel, l’a comparé à une «farce politique anti-constitutionnelle», condamnant au passage le soutien politique des Etats-Unis à l’opération.

Les autorités chinoises ont récemment publié un Livre blanc sur Hong Kong, interprété par les habitants comme une mise en garde à ne pas franchir les limites de son autonomie. La population de l’ancienne colonie britannique reproche à Pékin une mainmise croissante sur les affaires du territoire et s’indigne également du fossé grandissant entre les plus pauvres et les plus riches. Le gouvernement de Hong Kong avait tenté en 2012 d'imposer des cours de patriotisme dans les écoles, avant de reculer devant l'ampleur des protestations.

Inquiétude des Hong-Kongais
Depuis qu'elle a été rendue à la Chine en 1997, l'ancienne colonie britannique a le statut de région administrative spéciale (RAS) et bénéficie en principe d'une large autonomie en vertu du modèle «un pays, deux systèmes»Ses habitants jouissent d’un système judiciaire hérité du droit anglais et d'une liberté de parole inconnue sur le continent. Mais dans les faits, Pékin contrôle largement la vie politique locale et les Hong-Kongais dénoncent régulièrement des coups de canif dans l'accord de rétrocession.

Signe de l'inquiétude des Hong-Kongais pour leur avenir: la participation record de plus d'un demi-million de personnes, selon les organisateurs (98.600, selon les estimations officielles), à une manifestation pro-démocratie pour le défilé traditionnel du 1er juillet, jour anniversaire de la rétrocession. Chaque année depuis dix-sept ans, les habitants descendent dans la rue pour rappeler à Pékin leur attachement aux valeurs démocratiques. En 2003 et 2004, des manifestations avaient abouti à la démission du chef de l'exécutif en mars 2005.




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