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C.Y. Leung, l'homme fort de Hong Kong, défié par les manifestants

Les Hongkongais sont dans la rue pour réclamer un suffrage universel totalement libre pour les élections de 2017. Ils exigent la démission de l'actuel chef de l'exécutif Leung Chun-ying, élu en 2012 et officiellement soutenu par Pékin. Le numéro un de l’ancienne colonie britannique fait face à la crise la plus importante depuis la rétrocession de la ville, il y a 17 ans.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Leung Chun-ying, chef de l'exécutif à Hong Kong, le 15 Janvier 2014. (AFP PHOTO / Philippe Lopez )

Contesté. C.Y. Leung, comme le désignent les Hongkongais, a appelé Occupy Central, la principale organisation pro-démocratie, à mettre fin sans délai à son mouvement de protestation et permettre à la ville de retrouver un fonctionnement normal. Mais les dirigeants d'Occupy Central ont rejeté ses appels. «Si Leung Chun-ying annonce sa démission, cette occupation cessera, au moins provisoirement», déclarait, le 30 septembre 2014 (veille de fête nationale) son cofondateur, Chan Kin-man.

Les dizaines de milliers de Hongkongais reprochent au «loup» – l’autre sobriquet de C.Y. Leung – de ne pas avoir tenu parole quand il a été élu chef de l’exécutif en 2012. «Si nous travaillons ensemble, je suis sûr que Hong Kong, la perle de l'Orient, brillera à nouveau», avait-il lancé lors de son discours d'intronisation. «Chaque Hongkongais doit profiter du développement de Hong Kong. Je ferai de mon mieux pour protéger les libertés civiques de chaque habitant, protéger la liberté de la presse et défendre l'impartialité des médias.»

Rapport «mensonger»
Mais la crise actuelle, la pire depuis le retour de Hong Kong dans le giron de la Chine en 1997, est partie d’un rapport «mensonger» présenté par C.Y. Leung en juillet à l’Assemblée nationale populaire. Le texte a servi de base à la formule très restrictive de suffrage universel adoptée par le parlement chinois le 31 août. «En affirmant qu’une forte majorité des Hongkongais soutenait une formule de suffrage universel avec un Comité de nomination, C.Y. Leung a clairement failli à son rôle constitutionnel de représenter la population de Hong Kong», explique Sébastien Veg, directeur du Centre d’Etudes français sur la Chine contemporaine, basé à Hong Kong, cité par Le Monde.

Fils de policier venu dans les années 1930 du Shandong, province côtière de l’est de la chine, C.Y. Leung est né à Hong Kong en 1954, où il a fait ses études avant de partir étudier avec une bourse à Bristol, au Royaume-Uni. De retour à Hong Kong en 1977, il est embauché par le promoteur immobilier Jones Lang Wootton pour lequel il se rend régulièrement sur le continent. Il devient alors l'une des stars de l’expertise immobilière de la ville, nommé directeur du secteur Asie-Pacifique pour le cabinet de conseil DTZ Holdings.

«Homme de confiance» du PCC
Ce père de trois enfants a à peine 34 ans quand il est nommé secrétaire général du Comité législatif consultatif qui fut chargé de rédiger, la loi fondamentale, la mini-Constitution dont doit se doter Hong Kong après son retour à la Chine continentale en 1997. En 1996, il prend le poste de vice-président du Comité préparatoire qui supervise la rétrocession. Des postes qui lui valent la réputation d’«homme de confiance» du Parti communiste chinois. «Je n’appartiens à aucun parti politique», rétorquait-il pourtant aux sceptiques qui mettaient en avant son statut de «membre secret» du Parti.

Ses partisans font la promotion de ses qualités de technocrate et son talent pour développer un environnement propice aux affaires dans cette ville qui compte sept millions d'administrés. On lui doit des mesures populistes, comme la mise en place d'une taxe immobilière pour les acheteurs étrangers ou l’interdiction aux Chinoises du continent de venir accoucher dans les hôpitaux bondés de la ville.

Discours d'inverstiture en mandarin
Malgré ses promesses de lutter contre la corruption ou les inégalités, il cristallise les mécontentements : disparités sociales croissantes, afflux de richissimes Chinois du «continent» auxquels est imputée en partie la hausse du coût de la vie et l'explosion du prix des loyers. Lors son discours d'investiture, en juillet 2012, il s'est exprimé en mandarin, alors que son prédécesseur l’avait prononcé en cantonais

Les manifestants prodémocratie qui réclament aujourd'hui sa démission l'appellent avec ironie «689» en référence au soutien que lui accorde Pékin: c'est le nombre de voix qu'il avait obtenues face à Henry Tang.

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