Chine : Bo Xilai, un procès joué d'avance ?
Combatif. Depuis l'ouverture de son procès jeudi, Bo Xilai s'est défendu de toutes les accusations qui pèsent contre lui, n'hésitant pas à s'en prendre à son épouse et même au régime chinois. L'homme, qui a déjà passé 17 mois en prison, comparaît pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir.
Vendredi, le juge du tribunal de Jinan, au sud de Pékin, a diffusé une vidéo de sa femme Gu Kailai dans laquelle elle affirmait que son mari aurait été corrompu par un homme d'affaires chinois, qui lui aurait payé illégalement de services à hauteur de 20 millions de yans (2,6 millions d'euros). La réponse de l'accusé a été sèche : "Ma femme est folle. Les enquêteurs l'ont mises sous pression alors qu'elle aviat perdu la tête. "
Face aux accusations du procureur, nouvelle sortie de celui que l'on surnommait "le prince rouge " du temps où il régnait sur le Chongqing : "Tout ce processus est une mystification. Je n'ai jamais accepté de pots-de-vin. "
Le verdict déjà fixé ?
Ces ripostes ont surpris en Chine, alors que beaucoup d'observateurs s'attendaient à ce que l'homme de 64 ans fasse le dos rond face à la lourdeur des accusations. Bo Xilai, ancien secrétaire général du Parti communiste à Chongqing, pouvait prétendre aux plus hautes fonctions politiques en Chine. Il a vu son destin brisé en pleine ascension par ce qui constitue le plus grand scandale de l'histoire du Pati communiste chinois depuis des décennies.
Les citations de l'accusé sont cependant à prendre avec prudence selon le journaliste de France 24 Joris Zylberman. Le procès a été interdit aux journalistes internationaux, qui s'informent de la même manière que la population chinoise : via le micro-blog du tribunal, un filtre officiel qui peut avoir pour objectif de faire croire aux observateurs que l'accusé se défend, et donc que le procès est équitable. Celui-ci est d'ailleurs très suivi en Chine, 390.000 internautes s'étant connectés au site jeudi.
D'ailleurs, le verdict aurait déjà été fixé, et l'homme devrait écoper de 15 à 20 ans de prison. Sur Twitter, le militant de Human Rights Watch Nicholas Bequelin décrivait ces audiences comme "une pièce écrite d'un théâtre politique ".
La presse chinoise critique
Pièce de théâtre ou non, cette défense de l'accusé n'est pas du goût de la presse chinoise. Le médias officiels condament vendredi ce qu'il qualifie "d'arrogance " et de "mensonges ". Selon le Quotidien de Guangming , contrôlé par le PC chinois, l'attitude de Bo Xilai vis-à-vis des témoins est "gonflée d'arrogance ". Elle juge l'accusé "sournois, autoritaire et fourbe ". "Par le passé, Bo Xilai utilisait le mensonge pour bâtir ses
rêves cupides, aujourd'hui au tribunal, il continue de nier sa
culpabilité ", ajoute le journal.
Le procès, qui devait s'achever jeudi ou vendredi, a été ajourné et reprendra samedi matin. Le verdict ne devrait pas être annoncé avant le début du mois de septembre.
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