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Canada : François Bugingo, journaliste roi du bidonnage

François Bugingo était journaliste vedette au Québec… jusqu’au 23 mai 2015. Depuis ce jour, il est au chômage. L’homme qui dit avoir couvert tous les conflits du monde pendant 20 ans a en réalité inventé plusieurs reportages pendant 20 ans.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Le journaliste vedette dans la tourmente. (CC BY-SA 3.0)

Il affirmait avoir négocié la libération d’un otage détenu par al-Qaïda, avoir été reçu par le ministre égyptien de l’Intérieur au nom de la Commission européenne, avoir recueilli les dernières déclarations d’un prisonnier libyen au moment de son exécution, avoir découvert un sniper-rocker en Serbie… Ses reportages tenaient en haleine les lecteurs québécois. Le quotidien La Presse, dans une enquête publiée le 23 mai 2015, révèle l’étendue de la supercherie.
 
«François Bugingo, 41 ans, prétend avoir visité 152 pays et couvert la majorité des grands conflits qui ont ravagé la planète au cours des deux dernières décennies, notamment en Irak, en Afghanistan, au Liberia, au Rwanda, en Algérie, en Sierra Leone, en Colombie, au Liban, en Bosnie, au Sri Lanka. Mais les reportages émanant de cette impressionnante couverture sont rares, et souvent même inexistants», écrit la journaliste Isabelle Hachey

Capture d'écran (DR)

Il est revenu de plusieurs pays où il n’est jamais allé avec des articles sensationnels. Comme à Misrata en Libye, avec ces détails à la fois troublants et épiques : «L'un des tortionnaires les plus zélés du régime du dictateur Kadhafi est sur le point d'être exécuté par des miliciens triomphants. L'homme, menotté, dégage une odeur fétide : sans doute s'est-il fait dessus. Son visage est boursouflé des coups qu'il a reçus. Alors que des combattants surexcités l'entraînent vers son lieu d'exécution, il se tourne vers François Bugingo et lui crie : "I hate the bad man the Guide made of me".» 
 
Sauf que… «le problème, c'est que François Bugingo n'a jamais mis les pieds à Misrata», ironise le quotidien francophone. Les exemples sont légion : il n’a jamais été en Mauritanie pour libérer un otage d’al-Qaïda pour la bonne raison que cet otage n’a jamais existé…


La chute est terrible. Ses nombreux employeurs ont mis fin à leur collaboration avec le journaliste, désormais retiré de «l’espace public» pour se préparer à «défendre son intégrité et prouver son professionnalisme». Son blog n’est plus actualisé depuis le 16 mai 2015. 

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