Trafic de fossiles : un trésor archéologique du Crétacé restitué au Brésil par les douaniers du Havre
L'État français a restitué au Brésil mardi un millier de fossiles retrouvés dans un conteneur sur le port du Havre en 2013. Il s'agissait d'un vaste réseau de trafic de biens culturels.
Un trésor archéologique a été remis par la France aux autorités brésiliennes mardi 24 mai au Havre (Seine-Maritime) : un millier de fossiles datant du Crétacé, saisis par les douaniers en 2013 lors d'un contrôle. Après une enquête de près de dix ans qui a permis de dévoiler un réseau de trafiquants, ces biens culturels d'une valeur de plusieurs centaines de milliers d'euros vont pouvoir être exposés au Brésil, où ils avaient été prélevés.
C'est le flair d'un douanier qui a permis de découvrir les fossiles. En août 2013, il contrôle un conteneur de fûts de quartz, en provenance du Brésil, sur le port du Havre. C'est la valeur du quartz qui l'alerte : le matériau ne vaut pas grand-chose, il est donc surpris que quelqu'un dépense autant d'argent pour l'importer. Les douaniers procèdent donc au contrôle et trouvent ces trésors au fond des fûts, emballés dans des cartons.
Des fossiles emblématiques du nord-est du Brésil
Les douaniers demandent alors une expertise pour déterminer l'origine des fossiles et les dater, une expertise réalisée par des spécialistes des muséums de Paris et du Havre. Ils confirment l'authenticité des pièces archéologiques. "On trouve une grande variété d'animaux, notamment des insectes très bien préservés avec leurs antennes et leurs pattes, des crustacés, des poissons, un scorpion et même des plumes de dinosaures", décrit le professeur Sylvain Charbonnier, paléontologue et expert scientifique dans ce dossier.
Ces fossiles sont emblématiques du patrimoine du bassin d'Araripe. Ils ont été prélevés par les trafiquants dans cette zone du nord-est du Brésil, alors qu'il est formellement interdit de les exporter sans autorisation de l'état brésilien. "Ils viennent d'un secteur qui était à l'époque couvert par une mer peu profonde, des eaux relativement chaudes et très poissonneuses, décrit Sylvain Charbonnier. "Il y avait autour des terres émergées avec de la végétation sans doute assez luxuriante. On a même des restes de reptiles volants, les grands ptérosaures."
Il s'agit donc d'une découverte majeure, d'autant qu'il y a de nouvelles espèces dans le lot, que les scientifiques brésiliens vont pouvoir étudier de près. En effet, les biens vont rejoindre les collections du Museo de Paleontologia de Santana do Cariri da Universidade.
Avant d'imaginer étudier ces specimens, les scientifiques ont cependant dû se montrer patients car il leur a fallu près de dix ans pour récupérer ces fossiles. "On est sur un véritable réseau organisé de trafic de biens culturels à l'international. Il nécessite des financements importants et les mis en cause disposent donc de moyens pour faire appel à des avocats qui sont en mesure de contester les éléments de la procédure", explique Pascal Filippi, directeur adjoint du service d'enquête judiciaire des finances et qui a participé aux investigations. En France, l'enquête n'est d'ailleurs pas encore totalement terminée. Au Brésil c'est allé plus vite puisque plusieurs des personnes ont été jugées et incarcérées.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.