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Une semaine après l'insurrection des bolsonaristes à Brasilia, l’enquête inédite et tentaculaire menée par les autorités brésiliennes

Une semaine après l’insurrection sur la place des Trois pouvoirs de Brasilia, au Brésil, le responsable de la police fédérale scientifique décrit le travail de ses équipes pour retrouver les auteurs des vols et destructions.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un policier ramasse des portraits déchirés dans le bâtiment de la Cour suprême à Brasilia, le 10 janvier 2023, deux jours après que des milliers de partisans de l'ex-président d'extrême droite brésilien Jair Bolsonaro ont fait irruption dans des bâtiments fédéraux. (CARL DE SOUZA / AFP)

"On est sidérés quand on voit le volume de ce qui a été détruit : en tant que Brésilien, je suis triste, comme j’ai pu l’être aussi lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris", soupire Flavio Mello, le responsable de la police fédérale scientifique brésilienne, qui coordonne l’opération d’analyse et d’identification, une semaine après l’insurrection sur la place des Trois pouvoirs, à Brasilia, menée par plusieurs milliers de sympathisants de l'ancien président d'extrême droite brésilien Jair Bolsonaro.

L’un des cinq laboratoires les plus performants au monde

Le travail de relèvement d’empreintes vient tout juste de se terminer : cette phase de collecte achevée, les données ont été transmises au laboratoire que dirige Flavio Mello, l’un des cinq laboratoires les plus performants au monde grâce à ses équipements de très haute précision. "C’est comparable à un faisceau de lumière, explique-t-il. C’est une fréquence électromagnétique : on pointe l’appareil en direction de plusieurs types de superficies et il nous indique, par exemple, sur ce mur, qu’il y a des fragments de traces papillaires. Sur cette table, il y en a plus, et là encore on peut en voir sur le sol…"

Sur les extincteurs utilisés pour briser les vitrines, les lances à incendie pour noyer des documents officiels ou confidentiels, chacune des empreintes est en cours de traitement.

Un fichier de 212 millions d'empreintes

Et Flavio Mello l’affirme : les auteurs brésiliens de ces crimes n’auront aucun moyen d’échapper à la justice. "Ici au Brésil, chaque citoyen doit donner ses empreintes pour obtenir un document d’identité, indique le policier. Dans cette affaire nous allons nous appuyer sur une banque de données de 212 millions de fichiers, ce qui correspond à l’intégralité de la population brésilienne…"

"Nous avons, grâce à cette banque de données, la capacité d’identifier toutes les personnes qui ont laissé des traces sur la scène du crime."

Flavio Mello

à franceinfo

Tout a été retourné, éventré, détruit : des sculptures, des tableaux, une horloge du XVIIIe siècle offerte par Louis XIV à la Cour portugaise. Le travail des enquêteurs est considérable, mais avance parfois plus vite qu’on ne l’imagine. "Je viens d’être informé que l’exemplaire de la Constitution qui avait été volé, une pièce unique, historique, d’une valeur inestimable, a été retrouvée dans l’état du Minas Gerais, dans la ville de Varginia", se réjouit ainsi Flavio Mello.

A près de 1 000 kilomètres de la capitale, Brasilia, le dispositif mis en place par les autorités est inédit : les 250 agents scientifiques de la police fédérale travaillent 24h/24h compte tenu de l’ampleur et de la gravité des faits.

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