Reportage "J'ai déjà eu la dengue, mais celle-là est beaucoup plus forte" : face à une épidémie sans précédent au Brésil, les malades affluent dans les hôpitaux

Confronté à la dengue depuis des décennies, le Brésil fait face à des centaines de milliers de cas depuis le début de l'année 2024. Plusieurs États, dont celui de Rio de Janeiro, sont déjà en urgence sanitaire.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Mathieu Albertini
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des patients présentant des symptômes de la dengue pris en charge dans un centre de santé de Rio de Janeiro, au Brésil, le 5 février 2024. (MAURO PIMENTEL / AFP)

"Qui est le prochain ?". Dans ce tout nouveau centre de soin spécialisé dans la détection de la dengue, à Rio de Janeiro, deuxième ville du Brésil, les patients se succèdent. Regard hagard et sous perfusion pour éviter une déshydratation dangereuse causée par ce virus, Wheydson vient d'être pris en charge : "J'attends la confirmation, mais il y a de forte suspicion. J'ai mal à la tête, j'ai de la fièvre, des douleurs dans le corps, aux articulations... J'ai déjà eu la dengue, mais celle-là est beaucoup plus forte."

Le réchauffement climatique, combiné au phénomène El Niño, provoque de fortes chaleurs et de fortes pluies au Brésil et favorise la prolifération des moustiques. Plus de 550 000 cas de dengue ont déjà été recensés dans le pays depuis début janvier, un record à cette période l'année. L'épidémie a fait 91 victimes et près de 400 décès suspects ont été recensés.

Les moustiques prolifèrent

Les dix centres du genre éparpillés dans la ville de Rio sont essentiels pour faire face au fléau de la dengue, explique Daniel Soranz, en charge des questions de santé à la mairie : "L'objectif est d’identifier en amont les cas de dengue pour éviter toute aggravation du cadre de santé du patient".

"Le problème est que trois types de virus circulent en même temps, c'est la première fois dans notre histoire que nous avons la dengue de type 1,2 et 4 en même temps, ce qui facilite cette prolifération des cas." 

Daniel Soranz, en charge des questions de santé à la mairie de Rio

à franceinfo


Les moustiques porteurs du virus de la dengue, prolifèrent dans les eaux propres et stagnantes. Après de fortes pluies, déchets, feuilles mortes ou soucoupe de pots de fleurs, sont donc autant de petits paradis. Chacun doit faire sa part et des actions de prévention sont menées dans toute la ville.

Un enjeu politique pour Lula

Les cimetières sont particulièrement à risque assure Sandro Lobo, responsable du cimetière de Caju, où la loi interdit désormais les fleurs : "La difficulté vient de la taille du cimetière, il y a plus de 100 000 tombes ici. Il y a des centaines de très grands arbres, qui génèrent énormément de feuilles. Nous ne pouvons pas laisser stagner l'eau sur les tombes, alors que les plus anciennes s'usent et s'y forment des flaques. Il faut aussi sans cesse retirer les fleurs, les fleurs artificielles, les vases".

Après la gestion catastrophique du Covid-19 par son prédécesseur, l'enjeu est aussi politique pour le président Lula qui tente, même si la mortalité de la dengue est bien inférieure, de se montrer à la hauteur de la situation. 

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