Brésil : face à l'épidémie de dengue, le pays ordonne la mobilisation générale

Une épidémie de dengue sans précédent s'abat sur le Brésil. Le nombre de cas explose, les hôpitaux ont du mal à faire face. Autorités sanitaires et gouvernement tentent d'endiguer les contaminations.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un service de santé dédié au traitement des patients présentant des symptômes de dengue à l'hôpital municipal Raphael de Paula Souza, à Rio de Janeiro, Brésil, le 5 février 2024. Le pays est en proie à une épidémie depuis le début de l'année. (MAURO PIMENTEL / AFP)

La dengue est très répandue dans les régions tropicales, le Brésil y est habitué. L'anomalie c'est que plus de 400 000 personnes sont aujourd'hui contaminées, et c'est quatre fois plus que l'an dernier, en février, à la même période.

Le virus, qui se transmet par la piqûre d'un petit moustique noir à rayures blanches, provoque des symptômes similaires à ceux du paludisme : forte fièvre, maux de tête, fatigue, vomissements... Dans certains cas il peut être mortel. Le pays recense une soixantaine de décès qui peuvent lui être imputés, mais près de 300 autres sont encore soumis à examen.

Depuis la fin janvier tout s'accélère. Plus de la moitié des villes sont touchées, plusieurs États ont déclaré l’état d’urgence sanitaire. À Brasilia, la capitale, l’armée a même dû ouvrir un hôpital de campagne pour soulager les services de santé. Les autorités s'attendent à terminer l'année avec cinq millions de malades (pour 203 millions d'habitants). La Guyane est elle aussi touchée.

Le bouleversement climatique en cause

Cette explosion des cas est en grande partie due... au réchauffement climatique. L'an dernier, le phénomène El Niño a entraîné des sécheresses et des températures bien plus hautes que la normale, suivies par de fortes pluies : l'équation idéale pour la prolifération des moustiques.

Le carnaval qui s'est tenu la semaine dernière avec ses grands rassemblements n'a rien arrangé... Sans compter un certain relâchement de la population face aux gestes barrières : beaucoup de Brésiliens ne prennent plus l'habitude de couvrir leurs citernes ou de bien évacuer leurs eaux usées. 

Les autorités sonnent la mobilisation générale. Le président Lula ne veut surtout pas se retrouver dans la même posture que son prédécesseur, Jair Bolsonaro, rendu responsable d'une grande partie des décès liés au Covid-19 en raison de sa passivité et de ses positions antivaccins.
Cette fois, une cellule de crise a été mise sur pied. Un spot de prévention est diffusé sur les radios et les télés. Les agents municipaux en masque à gaz et combinaison blanche multiplient les opérations de fumigation des logements.

Une campagne de vaccination gratuite, première mondiale

Mais surtout, une grande campagne de vaccination gratuite a commencé vendredi 9 février. Elle fait du Brésil le premier pays au monde à proposer le vaccin contre la dengue dans le cadre de son système de santé publique. 

Le problème, c'est que les doses de vaccin Qdenga, produit par le laboratoire japonais Takeda, ne sont pas assez nombreuses, la vaccination est pour l'instant limitée aux plus fragiles, les 10 - 11 ans, puis touchera les moins de 14 ans. Dans un pays habitué à produire les trois quarts de ses vaccins, l'inquiétude et l'incompréhension progressent au même rythme que l’épidémie.

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