Séisme au Népal : les familles des rescapés entre soulagement et inquiétude
Ils ont beau être soulagés d'avoir reçu un signe de vie, les familles des Français bloqués au Népal craignent les mauvaises conditions de vie sur place et l'engorgement des demandes de retour.
Pour eux, le calvaire de l'attente d'un signe de vie a rapidement pris fin, mais ils n'en restent pas moins très inquiets. Plusieurs jours après le séisme qui a dévasté le Népal, samedi 25 avril, des familles de Français rescapés de la tragédie ne savent toujours pas comment leurs proches vont pouvoir sortir de ce pays transformé en enfer sur Terre.
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Certaines familles de personnes d'abord portées disparus ont répondu à l'appel à témoignages lancé par francetv info. Et ceux qui ont eu la chance d'avoir des nouvelles de leurs proches confient aujourd'hui leur inquiétude, face à cette situation chaotique.
"On ne sait pas encore comment il va rentrer"
Comme l'a annoncé le Quai d'Orsay lundi matin, au moins deux Français sont morts et 642 sont toujours recherchés au Népal. Les parents de Matthias, eux, ont eu la chance de voir leur fils de 22 ans passer dans la catégorie 'retrouvé'. "C'est un grand soulagement, explique Patrick, le père du jeune guide de haute montagne, parti gravir l'Everest au Népal. J'avais envoyé un SMS samedi, peu après le séisme. Et j'ai reçu un accusé de réception dimanche, ça nous avait un peu redonné espoir. Et puis il nous a appelés ce matin [lundi]. C'est là qu'on a su que, avec Judie, l'amie avec qui il voyage, ils avaient quitté le camp de base avant le séisme. Ils n'ont pas été directement touchés par la secousse."
Même soulagement chez Estelle, dont le père de 58 ans participait à un trek dans une région montagneuse lorsque la terre a tremblé. Après quelques heures d'angoisse, cet homme de 58 ans est parvenu à envoyer un message à sa fille samedi soir, pour la rassurer. "On ne sait pas encore comment il va rentrer ni s'il est en bonne santé, mais on se sent déjà plus chanceux par rapport à ceux qui n'ont eu aucune nouvelle de leurs proches."
"Ils sont complètement livrés à eux-mêmes"
Eve n'est pas dans cet état d'esprit. Chez elle, c'est plutôt l'inquiétude qui continue de régner, alors que Daniel, son père sexagénaire parti effectuer un trek avec trois amis, est coincé à Katmandou. "Depuis le séisme, ils dorment dehors, dans des parcs, alors qu'il pleut, que les égouts débordent, et que les corps de victimes s'accumulent dans la ville, explique la jeune femme qui a travaillé dans l'humanitaire. Ils n'ont plus rien à manger, et sont complètement livrés à eux-mêmes. Une de ses amies a fait une crise d'angoisse, un autre a des problèmes cardiaques. Son téléphone n'a bientôt plus de batterie et, sur place, ils n'ont aucune information pour savoir comment se nourrir ou comment ils peuvent partir."
Pour le père d'Estelle, le trekker de 58 ans, la situation est également incertaine. "Les informations sont peu nombreuses, il ne nous a envoyé que deux SMS, explique sa fille. Ils sont six, alors que son groupe comportait plus de membres. Ils ont apparemment trouvé refuge dans un village où ils sont confinés. On ne sait pas du tout comment ils vont être évacués de là."
Matthias, le jeune guide de haute montagne redescendu de l'Everest avec une amie, a lui un plan pour faire face. "Ils sont redescendus à pied du camp de base, et marchent toujours en direction de la ville de Jiri, explique son père. Ensuite, leur objectif sera de rejoindre Katmandou où Judie, son amie, connaît des locaux. Ils devraient pouvoir y trouver de l'aide."
"Il est sidéré par le manque d'assistance de la France"
Face à la question du rapatriement des Français bloqués sur place, le ministère des Affaires étrangères explique aux familles qu'aucune opération n'est prévue pour les ramener en France, sauf pour les urgences médicales. "Ils nous disent 'adressez-vous aux compagnies', mais les compagnies disent 'allez voir le ministère', affirme Eve, la fille de Daniel, bloqué à Katmandou. C'est hallucinant ! Les Espagnols, eux, ont affrété un avion pour rapatrier leurs compatriotes. Le Quai d'Orsay nous dit également de conseiller à mon père d'aller à l'ambassade sur place. Mais il n'y a plus d'ambassade ! Il n'y reste plus que deux personnes qui dorment elles aussi dehors, et qui, contrairement à ce que nous dit le ministère, n'offrent ni eau ni vivres ! Il faut absolument rapatrier les Français, pour laisser les ONG s'occuper des Népalais !"
Sur place, Daniel semble heureusement faire face. "Il dit qu'il tient le coup, mais je pense qu'il est choqué, estime sa fille. Il est très inquiet quant à la situation sanitaire et alimentaire. Il connaît très bien le Népal et les situations d'urgences humanitaires. Mais là, il dit qu'il est complètement sidéré par la cacophonie qui règne et le manque d'assistance de la France."
Patrick, lui, est plus clément avec la cellule de crise du ministère. "Ils sont débordés, alors on n'attend pas d'eux qu'ils nous donnent toutes les infos. On fait nos recherches de notre côté, et on leur donne nos infos quand on les appelle pour avoir des nouvelles. C'est un échange, dans une situation qui est compliquée pour tout le monde."
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