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Scandale en Corée du Sud: les «chaebol», dont Samsung, dans la tourmente

Les députés sud-coréens ont voté le 9 décembre 2016 la destitution de la présidente Park Geun-Hye, mêlée à un scandale de corruption. Egalement dans le collimateur de l'enquête parlementaire: les patrons des fameux «chaebol», ces toutes puissantes multinationales familiales comme Samsung et Hyundai, qui dominent l’économie sud-coréenne.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Samsung est le groupe qui a donné le plus aux fondations de Mme Choi, soit 20 milliards de wons (17 millions de dollars). (DANIEL KALKER / DPA  )

Les capitaines d'industrie sud-coréens se seraient passés d'une telle publicité. Mais la colère de l’opinion publique est telle que ces huit grands patrons n’ont pas pu refuser d’être interrogés devant une commission d’enquête parlementaire. L'audition était retransmise, le 6 décembre 2016, en direct sur les principales chaînes de télévision du pays.


Le peuple descend régulièrement en masse dans la rue pour exiger la démission de la présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye. Le parquet l'accuse de complicité dans une affaire de corruption qui vise sa confidente de l'ombre, Choi Soon-Sil. Arrêtée début novembre 2016 pour extorsion de fonds et abus de pouvoir, cette «amie de 40 ans» a soutiré près de 70 millions de dollars à des groupes industriels sud-coréens, sous forme de «dons» versés à deux de ses soi-disant fondations. 

«Vous êtes au courant de quelque chose?», s'est moqué un député alors que le vice-PDG de Samsung, Lee Jae-Yong, disait ignorer qui au sein du groupe avait autorisé les transferts d'argent liquide pour financer la formation équestre de la fille de Mme Choi en Allemagne.
 
«Vous croyez faire du bon travail à la tête d'une compagnie mondiale comme Samsung en prétendant que vous ne savez pas?», a lancé le parlementaire à Lee Jae-Yong. Lequel a reconnu que«cette crise (lui a) fait prendre conscience que nous avons besoin de changer pour répondre aux attentes du public» suscitant l'exaspération d'un député qui lui a lancé: «Arrêtez vos réponses et vos excuses ridicules!»

Perquisitions au siège de Samsung
Des perquisitions ont été menées dans les bureaux de Samsung, entre autres, et le parquet veut savoir si Samsung, qui pèse à lui-seul 17% du PIB, a fait pression sur le gouvernement pour obtenir le soutien de la Caisse nationale de retraite lors d'une fusion controversée en 2015.

Les conglomérats familiaux géants, les fameux «chaebol», dominent depuis des décennies l'économie sud-coréenne – la quatrième d'Asie – portée par les exportations. Ces mastodontes exportent à travers le monde des voitures (Hyundai, Kia), des navires (Hyundai Heavy) ou encore de l'électronique (Samsung, LG).

Mais, revers de la médaille, ils ont aussi été l'une des principales causes de la crise financière de 1997-98 en Corée du Sud, en raison de leurs dettes faramineuses accumulées pour financer leur expansion, soulignait, en 2012, le site Geopolis.
 

Devant l'Assemblée nationale, le 6 décembre, des manifestants ont accueilli les magnats aux cris de «Enfermez-les!»
«Il est extrêmement rare que ces gens soient exposés au regard du public de cette manière», a commenté Chung Sun-Sup, président de chaebol.com, site de surveillance du comportement des entreprises. 

Destitution de Mme Park: six mois de processus
«Cela fait partie de la culture entrepreneuriale viciée de Corée du Sud, profondément enracinée, que de traiter les familles fondatrices comme si c'était la royauté», a expliqué pour sa part Shim Jung-Taik, auteur de plusieurs ouvrages sur Samsung, dont une biographie du PDG alité Lee Kun-Hee.

En attendant son procès, Mme Choi, dont l'influence sur la présidente lui a valu le surnom de «Raspoutine», a refusé de témoigner devant la Commission parlementaire pour raison de santé.

De son côté, le parti au pouvoir, le Saenuri de Mme Park, a obtenu que la présidente ne témoigne pas devant le Parlement. Elle a déclaré qu'elle accepterait une destitution parlementaire. La motion de destitution déposée par l'opposition devra toutefois être validée par la Cour constitutionnelle, un processus qui pourrait durer six mois durant lesquels la présidente entend rester en fonction.

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