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Saakachvili, autocrate pro-occidental

Plus de vingt ans après la fin de l'URSS, le pays a des défis à relever à la suite, en 2008, de l'aventurisme guerrier du président Saakachvili. La pratique nuisible du parti unique aurait pu être contestée par un opposant qui vient d'être mis sur la touche pour les élections législatives du printemps 2012.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
M.Saakachvili rencontre le président Barack Obama à la Maison Blanche, à Washington le 30/01/2012 (AFP/SAUL LOEB)

Violente dispersion de manifestants anti-Saakachvili

(Euronews-fr, le 26/05/2011)

 

En 2003, la «Révolution des roses» porte au pouvoir le jeune président pro-occidental Mikheïl Saakachvili, qui suscite beaucoup d’espoir après les années post perestroïka. Celles où Zviad Gamsakourdhia, un ancien dissident devenu ultranationaliste, qui déclenche un mouvement autonomiste dans les régions abkhaze et d’Ossétie du sud, tenait les rênes du pays. Pourtant, l’obsession de Mikheïl Saakachvili d’avoir un parti d’Etat unique laisse planer une grande incertitude sur l’avenir économique du pays.

Un pouvoir abusif
Le début du mandat du président est marqué par des mesures économiques encourageantes, puis le pouvoir de Saakachvili devient autoritaire. Les politiciens de l’opposition et les journalistes indépendants sont menacés. En 2006, le meurtre d’un banquier, Sandro Girgvilani demeure impuni malgré un rapport accablant de la Cour européenne des droits de l’homme en 2008.

Impulsif et croyant en sa bonne étoile Saakachvili lance une offensive sur Tskinkhali, la capitale de l’Ossétie du sud et en Abkhazie, dans la nuit du 7 au 8 août 2008, après une multiplication d’incidents créés dans cette région par les Russes qui souhaitent étendre leur influence dans cette partie du Caucase. Les Russes réagissent en force. Sans la médiation immédiate de Nicolas Sarkozy, qui représente l’UE, et parvient à calmer l’ardeur des Russes, la défaite géorgienne aurait pu être plus cuisante.

Saakachvili réélu
En 2009, l’opposition n’a pas obtenu la démission du président et le parti présidentiel a remporté les élections de 2010 en dépit de la «corruption des élites», du manque des imperfections du système judiciaire soumis au pouvoir politique et du défaut d’accès des medias d’opposition aux chaînes de télévision, selon Iraki Alasania, chef du parti d'opposition "Démocrates Libres" et ancien ambassadeur géorgien à l'ONU. Les élections locales de Tbilissi sont remportées par le parti présidentiel. Cependant, selon la Constitution, le président Saakachvili ne peut pas solliciter de troisième mandat en 2013. 

Les échanges avec la Russie sont désormais réduits au compte-gouttes et il faudra du temps pour reprendre le commerce. Aussi la Géorgie joue les bonnes relations avec ses voisins, dont l’Arménie, la Turquie, l’Azerbaïdjan et profite de sa position géostratégique sur l’échiquier régional. Grâce au pétrole, Tbilissi a un important atout: trois oléoducs relient la mer Caspienne à la mer noire, depuis l’Azerbaïdjan jusqu’à la Turquie, faisant du pays un poumon du «corridor énergique est-ouest».

Libéralisme à tout-va
Mais la Géorgie est un pays pauvre dont le PNB par habitant est inférieur à ceux de l’Arménie et de l’Ukraine. Pour consolider sa situation, Tbilissi tisse des liens avec les institutions européennes et signe en 2009 un accord de partenariat stratégique avec l’OTAN. Les investissements étrangers commencent à revenir mais la politique ultralibérale mise en place pour les attirer sacrifie les intérêts d’une grande partie de la population, souvent qualifiée, dont le salaire mensuel moyen est d’environ 200 euros.

Une des trouvailles de M.Saakachvili est de faire venir des milliers de formateurs en anglais, toujours pour plaire au monde du business anglo-saxon, ce qui agace les Russes.

Apparition d’un concurrent
Alors que personne ne semblait être en mesure de s’opposer à cette marche forcée vers une occidentalisation à outrance, apparaît un milliardaire géorgien, Bidzina Ivanishvili, qui a fait fortune en Russie. Celui-ci «souhaite créer un mouvement politique en Géorgie, pour contrer l’autoritarisme rampant du président», ce qui a jeté le trouble dans les sphères du pouvoir. Décrit comme un philanthrope francophile, fourmillant de projets et désireux de créer des contre-pouvoirs dans le pays, il a été privé de sa nationalité géorgienne le 27 décembre 2011 peu de temps après l’avoir récupérée.

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