: Reportage Élections en Indonésie : "On a besoin dès maintenant de la justice climatique", demandent les ONG environnementales
Près de 205 millions d'Indonésiens ont voté, mercredi 14 février, pour élire leur futur président, mais aussi leurs 580 députés et leurs 20 000 représentants régionaux et locaux. Pour l'élection présidentielle, les électeurs devaient départager Ganjar Pranowo, Anies Baswedan et le ministre de la Défense, Prabowo Subianto, ancien rival du président Joko Widodo. À la sortie des urnes, Prabowo Subianto est donné largement en tête avec 55% des suffrages, selon un échantillon de 60% des bulletins, d'après deux instituts de sondage. Si cette tendance se confirme, l'ex-général pourrait être élu dès le premier tour. Mais alors que les bulletins sont dépouillés, plusieurs ONG écologistes partagent leurs doutes quant à l'avenir du pays.
Si les trois candidats ont beaucoup parlé d'économie et d'emploi, l'environnement et le climat semblent avoir été effacés de la campagne. À l'ONG Walhi, la plus ancienne association écologiste indonésienne, membre du réseau international des Amis de la Terre, les interrogations persistent. "On a besoin dès maintenant de la justice climatique", explique le directeur national de l'association Zenzi Suhadi. Si le prochain président indonésien et sa potentielle politique en matière d’environnement ne sont pas encore connus, les inquiétudes se font bien ressentir. Le plus grand archipel du monde a déjà vu disparaître certaines de ses îles à cause de la montée des eaux.
"Beaucoup de mauvaises politiques"
Dans son bureau à Jakarta, Zenzi Suhadi a rencontré deux des trois candidats à la présidence lors de visites officielles. "Vous savez, il y a neuf ans, un candidat à la présidence était venu nous voir, c’était Joko Widodo, mais il n’a pas suivi toutes nos recommandations", détaille le directeur national de Walhi. "C’est triste, parce que les années précédentes, il y a eu, je pense, beaucoup de mauvaises réglementations et politiques en matière d’environnement en Indonésie", souligne-t-il.
Dans un autre quartier de la capitale indonésienne, l’ONG KPA (Consortium pour la réforme agraire) a elle aussi regardé de près la campagne. L’organisme lutte pour un système agraire équitable, c’est-à-dire garantir la répartition équilibrée des ressources agraires pour les Indonésiens. "Aujourd’hui, on ne récolte qu’une fois par an et on a parfois moins de production à cause de la crise climatique, des inondations et parce qu'il y a tellement de concessions minières dans les villages", explique Dewi Kartika, secrétaire générale du KPA. "Non seulement elles accaparent nos moyens de subsistance, mais elles les mettent également en danger", poursuit celle qui souhaite que le futur président prenne ce sujet à bras-le-corps.
"La réforme agraire sert aussi à surmonter la crise écologique, parce que 68% des terres indonésiennes sont dominées par de grosses compagnies."
Dewi Kartika, secrétaire générale de l'ONG KPAà franceinfo
En Indonésie, la troisième démocratie du monde, "de nombreux agriculteurs sont criminalisés parce qu'ils défendent leurs droits fonciers. Mais ils ne sont pas seulement des défenseurs du droit à la terre, ils sont aussi des défenseurs de l’environnement", souligne Dewi Kartika.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.