Islam Karimov, le président de l'Ouzbékistan, au pouvoir depuis 1991, est mort
Le dirigeant de la République d'Ouzbékistan était entre la vie et la mort après une hémorragie cérébrale.
L'information vient d'être officiellement confirmée. Islam Karimov, le président de la République d'Ouzbékistan, est mort, annonce vendredi 2 septembre le gouvernement ouzbek. Il se trouvait dans un état "critique" après la "nette" dégradation de sa santé à la suite d'une hémorragie cérébrale. Ses funérailles seront organisées samedi à Samarcande, précise la télévision d'Etat.
Franceinfo vous en dit plus sur le seul dirigeant qu’a connu cette ancienne république soviétique devenue indépendante en 1991.
Un apparatchik arrivé au pouvoir à l'époque de l'URSS
Né le 30 janvier 1938 à Samarkand, joyau de l'Asie centrale au cœur de la Route de la soie, Islam Karimov a grandi dans un orphelinat avant de poursuivre des études de mécanique puis d'économie. Il intègre le Parti communiste à l'époque soviétique. Il y gravit tous les échelons jusqu'à devenir le premier secrétaire du Parti communiste d'Ouzbékistan en 1989, au temps fort de la perestroïka, puis président de la République en 1990. A l'indépendance, en 1991, il parvient à se maintenir au pouvoir et s'emploie aussitôt à éliminer tous ses opposants.
Si ses partisans affirment qu'il a conduit sans trop de heurts la transition vers l'économie de marché après la chute de l'URSS, ses détracteurs lui reprochent en revanche d'avoir laissé une élite corrompue s'emparer de tous les leviers du pouvoir. "L'Etat tout entier était Islam Karimov, Islam Karimov a été l'Etat pendant plus d'un quart de siècle, avec une main de fer", explique Steve Swerdlow, analyste pour l'ONG Human Rights Watch, à l'AFP. Le président a ainsi effectué quatre mandats consécutifs, malgré une Constitution qui n’en autorise que deux.
Un dictateur réprimant toute opposition
Ses détracteurs et les ONG internationales dénoncent un règne brutal et l'étouffement de l'opposition dans ce pays de 30 millions d'habitants. L'association Reporters sans frontières le décrit ainsi comme un "prédateur de la liberté de la presse".
Islam Karimov n'a pas hésité à réprimer violemment la population. Le 15 mai 2005, il fait ouvrir le feu sur des milliers de manifestants à Andijan, dans l'est du pays. L'OSCE estime que 300 à 500 personnes ont été tuées ce jour-là. Un bain de sang qui provoque sa mise au ban de la communauté internationale. Lors des dernières élections présidentielles, en mars 2015, un rapport de l'ACAT, ONG de lutte contre la torture et la peine de mort, dénonce le recours systématique à la torture.
En Ouzbékistan, la torture touche toute personne soupçonnée d’avoir commis une infraction. Elle vise aussi les personnes accusées d’appartenir à des partis d’opposition ou d’appartenir à des organisations religieuses interdites.
Sans successeur désigné
Islam Karimov n'a pas désigné de successeur. Les observateurs et analystes s'attendent à ce que les modalités de la transition politique soient réglées en petit comité par des caciques et par sa famille.
Parmi les successeurs potentiels figurent le Premier ministre, Chavkat Mirziyoïev, et le vice-Premier ministre, Roustam Azimov. Roustam Inoyatov, chef des services de sécurité, et Lola Karimova-Tilliaeva, fille cadette d'Islam Karimov, devraient être impliqués dans le choix du nouveau chef de l'Etat.
Selon la Constitution, le président de la chambre haute du Parlement, Nigmatilla Iouldochev, doit occuper les fonctions de chef d'Etat, et des élections doivent être organisées dans les trois mois.
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