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Papouasie: les réfugiés de Manus saisissent la justice pour aller en Australie

Plus de 750 demandeurs d'asile détenus à Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée (PNG), réclament à la justice australienne leur renvoi d'urgence en Australie. Géré par Canberra, le camp de rétention doit fermer à la demande du gouvernement papouasien. La Cour suprême de Papouasie a décrété que la détention de ces migrants était «illégale» et «anticonstitutionnelle».
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un migrant marche dans les allées du camp australien de l'île de Manus, en Papousie Nouvelle-Guinée. (REFUGEE ACTION COALITION / AFP)

Les 757 demandeurs d'asile de Manus ont saisi la haute cour australienne pour lui demander de statuer en urgence. La seule destination acceptable pour eux est l'Australie alors qu' ils craignent que leur évacuation de Manus ne se traduise par un placement en détention à Nauru, une île du Pacifique, ont précisé, le 4 mai 2016, leurs avocats. 

Ces personnes qui ont passé plusieurs mois dans des conditions épouvantables, attendent aussi de la justice australienne qu'elle constate que «les gouvernements australien et papouasien ont commis de graves violations des droits de l'Homme et des crimes internationaux constitutifs de crimes contre l'Humanité».

«La détention et les conditions dans lesquelles les demandeurs d'asile sont traités dans ce centre sont contraires aux droits fondamentaux prévus par la Constitution», a déclaré la Cour suprême de Papousie-Nouvelle Guinée. Ce pays avait signé, en 2012, un accord avec l'Australie confrontée à un afflux de réfugiés arrivant par bateaux en provenance d'Iran, d'Afghanistan, du Sri Lanka, du Pakistan et d'Irak.

Canberra défend sa politique migratoire
L'annonce de la fermeture du camp de Manus a poussé l'Australie à défendre, une nouvelle fois, sa politique très restrictive envers les demandeurs d’asile. «Ils ne viendront pas en Australie. C'est totalement clair et le gouvernement de PNG le sait et le comprend très bien», a déclaré à la presse, le 28 avril 2016, Malcolm Turnbull, Premier ministre australien. 



«Les accueillir reviendrait à dire aux trafiquants d'êtres humains qu'ils peuvent se remettre en course et cela serait totalement inacceptable», a-t-il ajouté. Entre 2008 et 2013, au moins 1.200 personnes s'étaient noyées en tentant de gagner le continent.

La marine australienne repousse systématiquement les bateaux de clandestins. Ceux qui réussissent à atteindre les côtes sont redirigés vers des camps de rétention situés au large: à Manus, à Nauru, îlot du Pacifique, ou sur l'île Christmas, dans l'océan Indien, le temps nécessaire à l’instruction de leur demande d'asile.

Rentrer chez eux ou aller dans un pays tiers
Aucun des 850 hommes actuellement retenus sur Manus n'ira en Australie, avait déclaré le ministre australien de l'Immigration Peter Dutton avant même l'annonce officielle de la fermeture du centre. Ils devront rentrer chez eux ou aller dans un pays tiers, avait-il prévenu.

En 2014, le gouvernement australien a passé des accords avec le Cambodge pour y réinstaller les migrants ayant obtenu le statut de réfugié. Des négociations sont en cours avec la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines, selon les médias australiens. 

Des discussions sont prévues entre la Papouasie-Nouvelle Guinée et l'Australie pour décider d'un calendrier de fermeture de Manus et gérer la relocalisation en Papouasie des réfugiés qui le souhaitent. 

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