Ouverture du procès des plus hauts dignitaires du régime Khmer rouge
Actualisé à 11h, après l'ouverture du procès
Dans le box, quatre vieillards âgés de 79 à 85 ans.
_ L’idéologue du régime de Pol Pot, également appelé "Frère Numéro Deux", Nuon Chea le ministre des Affaires étrangères Ieng Sary, le président du "Kampuchea démocratique" Khieu Samphan et la ministre des Affaires sociales Ieng Thirith. Les quatre accusés devront répondre de "crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide".
Seul Khieu Samphan a assisté à l'audience ; Nuon Chea l'a quittée en signe de protestation ; les deux derniers, pour raisons de santé.
Plus de trente ans après les faits, ces quatre dignitaires de l’époque Khmer rouge vont devoir s’expliquer sur la mort de deux millions de personnes entre 1975 et 1979. Un quart de la population cambodgienne. Des hommes et des femmes morts d’épuisement, de famine, de maladie, de torture ou tout simplement exécutés, les victimes d’une utopie marxiste délirante née dans quelque esprit pervers.
_ Sous le régime Khmer rouge, la religion, la monnaie et l’enseignement avaient été abolis. Les villes vidées de leur population, envoyée dans de vastes fermes collectives. L’économie s’était rapidement effondrée. Famine et malnutrition s’étaient installées. Les arrestations, tortures et exécutions étaient quotidiennes et massives.
"Pour le bien du peuple"
Les quatre accusés ne plaideront pas coupable.
_ Ils ont pourtant déjà été jugés par l’Histoire, mais nient les accusations portées contre eux. Certains, comme Nuon Chea, avaient pourtant déjà confessé leurs crimes. Le plus proche lieutenant de Pol Pot a admis le massacre de "traîtres" qui n’avaient pas pu être "rééduqués" ni "corrigés". Il affirmait même n’avoir "aucun regret", restant convaincu d’avoir "agi pour le bien du peuple".
Les premiers témoignages des accusés, enfermés dans un bâtiment attenant au tribunal, ne sont pas attendus avant mi-août.
Dans un premier procès, le seul Khmer rouge à avoir été jugé par le tribunal a été condamné à 30 ans de prison. Il s’agit de Kaing Guek Eav, alias "Douch", l’ex-chef de la prison de Phnom Penh, qui avait passé des aveux complets.
"Frère Numéro Un", Pol Pot, n’a jamais pu être traduit devant un tribunal. Il est mort en 1998. Ta Mok, le commandant redouté de la zone sud-ouest du Cambodge, surnommé "Le Boucher", est mort en 2006, à l’âge de 80 ans.
Le procès devrait s’étaler sur plusieurs années.
_ La principale préoccupation du procureur est de savoir si les accusés seront encore en vie pour l’énoncé du verdict.
Gilles Halais, avec agences
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