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ONU : les musulmans Rohingyas de Birmanie victimes de «crimes contre l'humanité»
Les Nations Unies exhortent le nouveau gouvernement birman à prendre des mesures pour mettre fin à la discrimination systémique et aux violations continues des droits de l'Homme à l'encontre des minorités, notamment la communauté musulmane Rohingya. Le prix Nobel de la Paix Aung San Su Kyi demande à ne plus utiliser le mot «Rohingya».
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Les caméras se détournent de l'Etat Rakhine (ouest de la Birmanie), occupées à couvrir des conflits plus médiatiques.
En Birmanie, leur nom même est tabou. Les Rohingyas (ou Rohingya) sont dans une situation dramatique : déni de citoyenneté, travail forcé, des enfants mourant faute d'accès aux soins… le tableau dressé par l’ONU est «terrible». Et avertit que cela peut déboucher sur une accusation de crimes contre l’humanité.
Cette minorité de plus d'un million de personnes, dont certaines sont installées en Birmanie depuis des générations, reste considérée comme celle des immigrés illégaux du Bangladesh voisin. Dans l'Etat Rakhine, plus de 120.000 Rohingyas s'entassent toujours dans des camps de déplacés depuis des violences intercommunautaires entre bouddhistes et musulmans qui ont fait plus de 200 victimes en 2012, principalement musulmanes. «L'Etat Rakhine a l'un des taux d'alphabétisation les plus bas du pays et les non-citoyens, y compris les Rohingyas, ne peuvent pas mener des études menant à certaines professions, comme la médecine, l'économie et les études d'ingénieur», s’alarme le rapport onusien.
Les enfants en première ligne
Officiellement, ils n’existent pas. Privés de tout, ils sont des fantômes, sans nationalité. «Les enfants rohingyas ne reçoivent pas de certificats de naissance depuis les années 1990, ce qui restreint encore davantage leurs droits et augmentent leur vulnérabilité aux violations», affirme le rapport.
Le Haut-commissariat des droits de l'Homme de l'ONU, Zeid Ra'ad Al Hussein, dénonce «une série de violations grossières des droits de l'Homme contre les Rohingyas qui laisse supposer une attaque de grande ampleur ou systématique qui pourrait déboucher sur une possible accusation de crimes contre l'humanité devant un tribunal».
#Myanmar officials banned from saying 'Rohingya' as UN envoy visits https://t.co/eM3hbtLFFg pic.twitter.com/pEmbquEuOT
— The Straits Times (@STcom) June 21, 2016
Le silence pesant d’Aung San Su Kyi
«Le nouveau gouvernement hérite d'une situation où des lois et des politiques sont en place et conçues pour nier les droits fondamentaux des minorités, et où l'impunité pour les violations graves contre ces communautés encourage la violence contre celles-ci. Il ne sera pas aisé de corriger une discrimination si profondément ancrée», reconnaît Zeid Ra'ad Al Hussein.
La prix Nobel de la Paix Aung San Su Kyi, dont le parti a pris les rênes du pouvoir dans le pays début avril 2016, est critiquée à l'étranger pour son silence. Elle demande aux agents onusiens d'éviter le mot «Rohingya». Et d'utiliser la périphrase «les personnes qui croient en l'islam en Etat Rakhine».
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