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Maldives: peine de mort pour les enfants, flagellations, opposants en prison...

Le gouvernement des Maldives a adopté, le 27 avril 2014, la peine de mort pour les mineurs âgés d’au moins 7 ans, mettant fin à un moratoire de soixante ans. Géopolis, qui avait largement fait écho à cette information, fait le point sur la situation des droits de l’Homme dans ce pays. Un adolescent de 16 ans, au moment de son incarcération, risque d’être exécuté dans quelques mois.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Maldives: le décor et l'envers du décor. (PETER SCHOLEY / ROBERT HARDING HERITAGE / AFP)

La situation a-t-elle changé en un an ? Oui, en pire. «Un climat de peur se répand aux Maldives», s’inquiète Amnesty InternationalMohamed Nasheed, premier président des Maldives démocratiquement élu en  2008, a dû quitter le pouvoir en 2012 avant d'être arrêté, jugé et condamné en mars 2015 à 13 ans de prison pour terrorisme.

Il a été arrêté et emprisonné illégalement, tranche l’ONU. Depuis le 5 octobre 2015, sa très médiatique avocate Amal Clooney a beau faire le tour des plateaux de télévision pour clamer la victoire et exiger sa libération, les autorités maldiviennes lui répondent: «La décision onusienne ne nous engage en rien.»

 
Des mineurs dans le couloir de mort
Rappel des faits. Depuis la démission forcée du libéral président Mohamed Nasheed puis son échec, dans des conditions troubles, lors des élections de novembre 2013, l’archipel des Maldives entame une course effrénée vers un tout répressif avec un arsenal inspiré de la charia. Le 27 avril 2014, le gouvernement adopte la peine de mort pour les mineur âgés d'au moins 7 ans, mettant fin à un moratoire de soixante ans. Un adolescent de 16 ans, au moment de son incarcération, risque la peine capitale dans quelques mois. «Le meurtre doit être puni par le meurtre», a tranché le président maldivien.
 
La répression s’abat aussi sur l’opposition et les médias sont mis au pas. Au bout des plages de sable blanc, la répression politique.
 
«Un climat de peur se répand aux Maldives tandis que les garanties relatives aux droits humains sont battues en brèche. De plus en plus, les autorités réduisent certaines voix au silence par tous les moyens nécessaires  que ce soit par le biais de la police, de la justice ou de menaces et de manœuvres de harcèlement pures et simples. Cela doit cesser immédiatement», s’indigne Abbas Faiz, spécialiste des Maldives à Amnesty International.

«Un climat de peur se répand aux Maldives », s’inquiète Amnesty International. (SHAARI / AFP)

Loin des touristes, la galère
Flagellations publiques de femmes (et dans une moindre proportion d’hommes) pour adultère dans les rues de Malé. Les touristes ne tomberont jamais sur ces spectacles. Ils sont directement conduits dans leurs bungalows de luxe dès leur descente d’avion. Tout comme ils n’assisteront à aucune manifestation, ni aux agressions contre les personnes accusées d’athéisme.  
 
«Tendance inquiétante, des milices religieuses apparemment de connivence avec la police, ont ces dernières années commis un nombre croissant d’enlèvements et d’attaques visant les rassemblements sociaux, en particulier ceux accusés de promouvoir l’athéisme». Cette année, ces bandes ont agressé des manifestants pacifiques avec la complicité de la police, et personne n’a été traduit en justice pour ces attaques», s’alarme Amnesty International.

Les agences de voyage et les touristes indifférents au boycott. (SERGIO PITAMITZ / ROBERT HARDING HERITAGE / AFP)

Unique arme de dissuasion massive : le boycott des touristes
«Nous n'appelons pas encore à un boycott touristique, mais je crois que nous ne devrions pas l'exclure. Les touristes tiennent les cordons de la bourse», prévient Amal Clooney, membre du groupe d'avocats défendant l'ancien président Mohamed Nasheed.

L'historien Giuseppe Di Bella avait lancé un retentissant appel au boycott… qui a trouvé peu d’écho auprès des agences de voyage et des touristes : «La principale ressource des Maldives est le tourisme. Je me vois très mal me prélasser sur les plages de ce paradis tropical de carton-pâte, sans me soucier du sort funeste qui pourrait être réservé à ses habitants, mineurs et enfants compris. Je refuse de contribuer à l'essor économique d'un tel pays». Le régime d'Abdulla Yameen a encore de beaux jours devant lui.

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