Les îles Spratley et les conflits territoriaux en Mer de Chine
La Chine, Taïwan, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et le sultanat de Brunei – seul Etat à ne pas avoir de présence militaire sur place – se disputent la souveraineté territoriale de ces îlots stratégiques de 500 km² qui voient passer un tiers du trafic maritime mondial.
L’archipel, plutôt inhospitalier pour l’être humain, compte plus de 700 îles, îlots et bancs de sable. Il est listé depuis 1998 comme un des huit points chauds de la planète en matière de risque de conflit armé (lien en anglais).
Selon l'Institut Lowy (lien en anglais), un déploiement croissant des forces navales et aériennes dans les parages est inquiétant, car il signifie que l'Asie devient une «zone de danger» dans les endroits «sensibles ou contestés».
Les accrochages, alimentés par le nationalisme et l’appât des ressources naturelles, se multiplient et donnent lieu à des échanges musclés entre pêcheurs et garde-côtes qui travaillent et patrouillent sur zone.
Opérations navales USA-Philippines
Déterminés à renforcer leur présence en Asie-Pacifique, les Etats-Unis naviguent dans ces eaux troubles pour faire contrepoids aux ambitions chinoises.
Washington et les Philippines, déjà alliés (lien en anglais) dans la lutte contre le terrorisme, ont tous deux engagé 6.000 soldats dans des manœuvres maritimes conjointes dans la seconde quinzaine d’avril 2012, au large des côtes occidentales de l'île de Palawan, à quelques milles des îles Spratley.
Un bras de fer (lien en anglais) met aux prises Pékin – bien implanté militairement sur sept îles – et Manille qui revendique la souveraineté de ces eaux, dans la limite de sa zone économique exclusive, soit 200 milles de ses côtes.
Washington prône un règlement multilatéral et pacifique à la crise alors que Pékin n'accepte que des négociations bilatérales.
La spiritualité au service du pouvoir vietnamien
Dans ce contexte de tensions, les Etats-Unis s’associent par ailleurs au Vietnam pour mener des opérations dans le port vietnamien de Danang. Une mission d’échanges de compétences, selon les termes de l’état-major américain. Hanoï ne dément pas alors que les accrochages en mer se multiplient avec le grand frère chinois.
Des incidents à l'origine des crispations entre les deux pays, tout autant que l'intervention chinoise sur un îlot en 1988 qui avait fait 64 morts parmi les militaires vietnamiens. Les lignes n’ont guère bougé depuis, et la présence de la Chine, qui s’estime «incontestablement souveraine» (lien en anglais) dans les parages, s'y étend.
Pour marquer sa souveraineté sur ces îles de quelque 5 km² de superficie totale, Hanoï, qui squatte une vingtaine d’entre elles et en revendique la totalité depuis la fin de la guerre d’Indochine en 1954, a missionné sous couvert de spiritualité cinq bonzes, et bientôt un sixième. Officiellement, ces moines bouddhistes doivent «élever le niveau spirituel» des habitants… une poignée de soldats, de pêcheurs ou de paysans.
Du rififi en mer de Chine
Via-découvertes, le 5 janvier 2012
Même combat pour les Paracel
Pékin et Hanoï se disputent un autre archipel corallien toujours en mer de Chine méridionale. Les deux voisins s’affrontent sur les droits de pêche dans les eaux poissonneuses des îles Paracel. Une nouvelle crispation pour le Vietnam surtout quand Pékin envisage leur exploitation pour le tourisme.
Quant à Tapei, il gouverne les Pratas, à un millier de kilomètres au nord des Spratley. Pékin, qui considère Taïwan comme faisant partie de son territoire, s'accommode pour l'heure de la gestion taïwanaise de la perle de la mer de Chine du Sud, éloignant le spectre d'un conflit.
A tel point qu'en mars 2012, dans les eaux de Taiping, la plus grande île des Spratley, les gardes-côtes taïwanais ont été surpris d'être canardés par une patrouille maritime… vietnamienne.
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