Les douze mois qui ont rendu la Birmanie fréquentable
Un an après des élections qualifiées de mascarade par les Occidentaux, le nouveau régime a accouché de changements qui étonnent, y compris ses détracteurs.
Depuis un an, la Birmanie n'en finit plus de surprendre. Mise au ban de la communauté internationale depuis des années, la dictature militaire a donné des gages d'ouverture qui ont conduit à une visite historique de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui s'achève vendredi 2 décembre. Retour sur un an de progrès démocratiques.
Le 7 novembre 2010 : des élections critiquées. L'Occident avait qualifié ce scrutin de "mascarade". Près de 29 millions de Birmans étaient appelés aux urnes pour la première fois depuis 1990, afin d'élire des assemblées nationales et régionales avec 25 % de sièges réservés d'office aux militaires d'active. Sans surprise, le parti spécialement créé par la junte au pouvoir avait remporté une victoire écrasante, après des soupçons de fraude. L'opposante Aung San Suu Kyi, assignée à résidence, n'avait pu participer au scrutin.
Le 13 novembre 2010 : Aung San Suu Kyi est libérée. Une semaine après les élections, la prix Nobel de la Paix 1991 retrouve la liberté au bout de sept années de résidence surveillée.
Le 30 mars 2011 : la junte d'autodissout. Le généralissime Than Shwe, qui règne en tyran depuis 1992, tire sa révérence et transfère le pouvoir à un président civil, Thein Sein, qui ne dirige plus l'armée. Les observateurs sont sceptiques car il s'agit d'un ancien général, qui plus est Premier ministre sortant. Mais depuis son arrivée au pouvoir, il a multiplié les gestes d'ouverture, entamant notamment un dialogue avec Aung San Suu Kyi, qui a jugé "positives" les réformes politiques.
Une démocratisation progressive. Peu à peu, les assemblées ont pris leurs fonctions, ouvrant leurs séances à la presse et votant de véritables lois. Ainsi sont nés le droit de grève et un nouveau texte sur les partis qui ouvre la voie à un retour de la formation dissoute d'Aung San Suu Kyi sur la scène politique. En septembre, une Commission nationale sur les droits de l'homme est mise en place, à la suite d'une demande des Nations unies.
Octobre 2011 : des opposants libérés. A l'occasion d'une vaste amnistie, environ deux cents prisonniers politiques sont libérés, un nombre décevant pour les observateurs. Car les geôles birmanes en comptent deux mille. Une autre vague de libération, qui devait intervenir le 15 novembre, a été reportée.
D'autres réformes attendues. La visite d'Hillary Clinton, qui a rencontré deux fois Aung San Suu Kyi en trois jours, ne doit rien au hasard. Les efforts de la Birmanie vers plus d'ouverture lui ont également valu de se voir confier la présidence de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) en 2014.
Mais si l'ONU, les Américains et les Européens saluent les récentes décisions du nouveau gouvernement, ils réclament toujours des réformes plus profondes et la libération de tous les prisonniers politiques, sans quoi ils ne lèveront pas leurs sanctions.
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