Cet article date de plus de neuf ans.
Le Bhoutan, à l'avant-garde de la protection de la planète
A défaut de pouvoir exercer une pression sur ses voisins pollueurs – Chine, Népal, Inde –, le petit Bhoutan a choisi la voie de l'exemplarité. Perché dans l'Himalaya, à plus de 2.000 mètres d'altitude, le royaume détient depuis plusieurs années la palme de l'impact minimal sur l'environnement. Neutralité carbone, centrales hydroélectriques, énergies renouvelables y sont déjà des habitudes.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sur le podium des pays à suivre en matière d'écologie, le Bhoutan est sur la première marche, suivi du Costa Rica et de l'Ethiopie. Selon le classement du Climate action tracker, le pays de 750.000 habitants a fait ses preuves. Depuis 2009, son engagement climatique est acté. C'est à cette époque qu'il atteint une forme de perfection dans la défense de l'environnement avec la «neutralité carbone». Grâce à ses nombreuses forêts, le pays du Dragon séquestre davantage de CO2 qu'il n'en émet, soit 6 millions de tonnes contre 1,5 sur une année. L'investissement dans des centrales hydroélectriques a aussi permis d'atteindre cet objectif. Cinq centrales seraient aujourd'hui en état de fonctionnement et plusieurs projets sont en préparation.
Dans sa contribution climatique remise en septembre en vue de la COP21, le royaume affirme produire 100% de son électricité grâce à ses centrales. Il s'engage par ailleurs à «diversifier l'approvisionnement énergétique à travers la promotion des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse), au même niveau que les grandes centrales hydroélectriques». Si, à la Conférence sur le climat au Bourget, tous les participants se mettaient sur cette ligne, la limite des deux degrés de réchauffement ne représenterait pas ce défi quasi insurmontable.
Mais au Bhoutan, la population est associée à son environnement par la Constitution elle-même, dans laquelle il est écrit qu'au moins 60% du territoire doivent être consacrés aux forêts et autres zones boisées et que, une fois par semaine, les voitures ne doivent pas circuler.
Autre défi lancé par les autorités bhoutanaises: devenir le premier pays du monde vivant à 100% de l'agriculture bio. En 2012, d'après la Banque mondiale, le Bhoutan n'utilisait déjà que 15 kg d'engrais chimique par hectare contre 137 en France ! Les agriculteurs avaient reçu une formation pour utiliser plus de compost et moins de fertilisants nocifs pour la santé.
La vertu n'empêche pas la fragilité
Au pays du «Bonheur national brut», indice local alternatif au traditionnel produit national brut, on se garde néanmoins de tout triomphalisme. Mondialisation oblige, le consumérisme a fait son apparition dans le royaume bouddhiste, jaloux de ses traditions. Le parc automobile grandit inexorablement et le passage au tout électrique, préconisé par le gouvernement, ne se réalise pas sans mal.
En octobre 2015, le Bhoutan a participé à la création du V20, soit les 20 pays les plus vulnérables de la planète face au traditionnel G20. L'ambition de ce nouveau groupe: réclamer des fonds aux pays riches pour compenser les pertes provoquées par le dérèglement climatique. «En l'absence de réaction efficace à l'échelle de la planète, les pertes économiques dues au changement climatique devraient s'élever à plus de 400 milliards de dollars à l'horizon 2030 pour les membres du V20», a souligné Cesar Purisima, le ministre des Finances des Philippines, lors de l'assemblée annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, à Lima. 700 millions de personnes sont représentées par le V20.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.