En croisade contre le porno sur internet, le gouvernement indien veut bloquer le site... du "Dauphiné Libéré"

Le Dauphiné Libéré et YouPorn, même combat ? Le gouvernement indien, qui entend lutter contre la pornographie sur internet, a placé le site d'informations du quotidien régional sur une liste noire de sites à rendre inaccessible depuis le pays, indique Le Monde mardi 4 août.

Le document de 17 pages, émis par le ministère de la Communication indien et qui a fuité sur internet, recense 857 adresses jugées contraires à la "décence" et à la "moralité". Il invite les fournisseurs d'accès à internet du pays à en filtrer l'accès.

Dans cette liste, que francetv info a également pu consulter, le site du quotidien des Alpes se trouve en 134e position, entre deux sites de streaming qui sont, eux, bien à caractère pornographique. Reste que, comme l'écrit Le Monde, "la présence d’un site d’informations français dans la liste risque de décrédibiliser l’assaut lancé par le Premier ministre indien, Narendra Modi, contre la pornographie en ligne".

Une mesure "impossible à mettre en œuvre"

Cette initiative était, de toute manière, déjà très critiquée. Sur Twitter, l'ancien ministre des Télécommunications a évoqué une "prise d'otage des libertés individuelles", tandis que l'éditorialiste Chetan Bhagat, suivi par 5,38 millions d'internautes, juge la mesure "impossible à mettre en œuvre" et "pas très maligne". Un mot-dièse #NextBanIdea (nouvelle idée de censure) a même été créé pour tourner en dérision l'initiative.

The latest ban is not about liking or disliking porn. It's about govt hijacking personal liberties. What'll they ban next - phones & TVs?

— Milind Deora (@milinddeora) August 3, 2015

Porn ban is anti-freedom, impractical, not enforceable. Politically not very smart too. avoidable. Let's not manage people's private lives.

— Chetan Bhagat (@chetan_bhagat) August 3, 2015

Pour l'heure, le site internet du Dauphiné reste accessible depuis New Delhi. Mais les internautes indiens en quête de sensations fortes risquent d'être déçus en s'y rendant, note avec malice Le Monde.