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Corée du Sud: mort mystérieuse de Yoo, le propriétaire du ferry naufragé

Yoo Byung-Eun, 73 ans, avait disparu des écrans radars depuis le naufrage du ferry sud-coréen «Sewol», mi-avril, lors duquel plus 300 personnes ont péri, principalement des adolescents. Le corps du sulfureux homme d’affaires aurait été trouvé le 12 juin par un promeneur dans un verger à Suncheon, une ville à 300 km au sud de Séoul. La police dit avoir identifié son cadavre.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des Coréens regardent un reportage sur Yoo Byung-Eun, le propriétaire du ferry «Sewol», dont le naufrage à la mi-avril 2014 a coûté la vie à plus de 300 personnes, dont 250 lycéens. (AFP PHOTO )

Yoo était à la fois businessman, photographe, mécène, gourou et... propriétaire du Sewol. Le ferry a coulé le 16 avril 2014 au large de la côte méridionale de la Corée du Sud avec 476 personnes à bord, dont 325 lycéens.
 
La police sud-coréenne a retrouvé près du corps en état de décomposition avancée plusieurs bouteilles d’alcool vides, ne sachant pas s’il s’agissait d’un meurtre ou d’un suicide. «Nous espérons que des analyses permettront d'en savoir un peu plus et de déterminer la date du décès», a déclaré le chef de la police de Suncheon à la télévision.

L'homme le plus recherché du pays
Depuis le naufrage, qui a plongé la 4e économie d’Asie dans une crise de confiance, le septuagénaire dont les enfants et les proches contrôlaient, via plusieurs filiales, la compagnie maritime Chonghaejin Marine Co., propriétaire du Sewol, était l’homme le plus recherché de Corée du Sud.

La police avait lancé un mandat d'arrêt contre le millionnaire en cavale. Elle a mené plusieurs perquisitions d'envergure, avec la participation de milliers de policiers, dans un vaste complexe agricole et religieux avec lequel il était en lien, en vain. Les autorités avaient offert 500 millions de yens, soit 360.000 euros, à toute personne susceptible de permettre son arrestation. Les enquêteurs souhaitaient interroger l'homme d'affaires sur des pots-de-vins, détournements et violations des règles de sécurité présumées. Sur ce dernier point, les investigations ont révélé un grand laxisme. Le jour du naufrage, le Sewol transportait trois fois plus de personnes que la norme autorisée et l’équipage était mal formé aux situations d’urgence.

L'économie coréenne en berne
L'enquête sur le naufrage du ferry a conduit à l'arrestation de sa fille Yoo Som-Na à Paris où elle est en détention dans l’attente de son extradition vers la Corée du Sud. La justice coréenne la soupçonne d'être la propriétaire du ferry, grâce à un montage complexe de sociétés. Sa femme et son frère ont également été arrêtés tandis que son fils est toujours en fuite. Quant aux 15 membres d’équipage survivants du Sewol, dont le capitaine, ils comparaissent devant la justice depuis le mois de juin et encourent la peine de mort.

Trois mois après cette catastrophe nationale, la Corée du Sud peine à se relever moralement avec des conséquences sur son économie. Dès le mois d’avril, les ventes au détail ont chuté de 1,7%, notamment dans le secteur des loisirs et la confiance des ménages est en berne, selon Le Figaro. Une chute de la consommation a même conduit la Banque de Corée a revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2014, de 4% à 3,8%, ajoute le quotidien.

Fondateur de la secte Salut
Né en 1941 au Japon, Yoo Byung, incarnait la face obscure du miracle économique coréen: le pays ruiné par la guerre s’était en quelques décennies redressé de façon spectaculaire, pour être aujourd’hui à la pointe dans les technologies modernes. Le patriarche Yoo cultivait le culte du secret pour régner sans partage sur un empire industriel opaque qui a prospéré grâce à ses relations politiques, explique Le Figaro. Après un séjour en prison, en 1992, il s'était réinventé mécène et artiste à Paris où il a exposé sous le nom de Ahae. 

Aujourd'hui, de sérieux doutes subsistent après la découverte des policiers. Selon le porte-parole de la secte du Salut qu’il a fondée en 1962, cité par Paris-Match«Yoo ne buvait jamais d’alcool». De quoi faire douter les adeptes de l’Eglise baptiste évangéliste qui ne «croient pas que le corps, soit celui de Yoo».

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