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Bouthan : le bonheur 2.0

Et si être heureux, c'était être connecté! Le Bouthan, «pays du bonheur immediat», niché au sein des neiges éternelles de l'Himalaya entame sa révolution. Une fusion entre le 17e siècle, son bouddhisme, et le 21e siècle de la mondialisation. Longtemps privé de télévision et d'internet, le royaume se convertit au 2.0.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des adolescents surfent sur Internet grâce à leur smartphone dans une rue de Thimpu, au Bouthan, le 20 février 2014. (AFP/Dibyangshu Sarkar)

C'est un véritable choc culturel. Un changement de société. Le Bouthan, petit Etat coincé entre le Chine et l'Inde, où la télévision n'est autorisée que depuis 15 ans, s'enflamme pour les nouvelles technologies. L'apparition d'Internet a eu un effet fracassant. La journaliste Indienne Sathya Sara, qui s'est rendue sur place, écrit dans Courrier International : «Aujourd'hui les jeunes moines en robe safran jonglent entre leur téléphone portable et leur moulin à prière.»

Les parents de Kiran Rasailou, boucher dans la capitale Thimpu, habitent loin de chez lui, au plus profond de la campagne. Aujourd'hui, ravi, il peut les joindre à tout moment grâce à son téléphone portable. Selon Thenzing Lamsany, rédacteur en chef du Buthanese, «le Bouthan est en train de sauter de l'âge féodal à la modernité sans passer par l'âge industriel». Et d'ajouter: «En 30 ans ou 40 ans, ce pays pourrait accomplir une évolution qui aurait pris un siècle ailleurs.»

Un joyeux mélange de tenues traditionnelles et de vêtements occidentaux est visible dans les rues bondées de Thimpu. Un seul signe de ressemblance entre les adolescents : le portable vissé à la main! Même si la plupart utilisent de simples modèles vocaux, les smartphones avec une connexion internet sont de plus en plus utilisés. Des smartphones de marques chinoises ou indiennes, peu connues en Occident.

Cette nouvelle façon de vivre peut parfois aboutir à des situations cocasses... ou le monde à l'envers. Kiran, guide touristique, ne comprend toujours pas pourquoi un randonneur français lui a dit qu'il ne voulait pas de portable. Un portable jugé trop contraigant par ce touriste. Pour la jeune génération de Bouthanais, le mobile et Internet représentent une incroyable ouverture au monde.
 
Pour le Premier ministre, Tshering Tobgay, la révolution 2.0 s'inscrit dans le projet du Bouthan «de prendre le meilleur des traditions du présent et de l'avenir». Internet enrichirait donc «le bonheur national brut», un PIB du bonheur qui a contribué à la renommée internationale du pays.

Le Premier ministre est lui-même très actif sur facebook. Il est suivi par près de 25.000 personnes et y diffuse à profusion des informations et des photos. Peu d'habitants possèdent chez eux une connexion Internet, en conséquence, les cybercafés pullulent à Thimpu. «Les Bouthanais connaissent mieux le monde extérieur depuis qu'Internet est arrivé», se réjouit Jigma tamang, employé au Cyber World, le plus ancien cybercafé du Bouthan. Miroir aux alouettes ou véritable ascenceur social, les jeunes se prennent à rêver d'un avenir meilleur grâce aux réseaux sociaux. Lycéen de 18 ans, Suraj Biswa s'imagine un avenir ailleurs, grâce à internet, loin de sa campagne, une «bulle» idyllique préservée de toute intrusion.

Le journaliste Tenzing Lamsang s'enthousiasmait récemment : «Ici, comme ailleurs, Internet sert non seulement aux gens à se parler sur des forums, mais aussi à se crééer une conscience politique, à faire campagne sur divers problèmes ou à faire pression sur le gouvernement. Il a un rôle largement positif sur la société.»



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