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Tintin, "Les langoliers" et "Airport 77", ces fictions qui rappellent la disparition du vol MH370

Vous aussi, vous trouvez que la disparition de l'avion de la Malaysia Airlines a un air de famille avec "Vol 714 pour Sydney" ? Voici d'autres BD, films ou livres dont la trame pourrait ne pas être si éloignée de la réalité.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'affiche du film "Airport 77" ("Les naufragés du 747", en version française), de Jerry Jameson. (UNIVERSAL PICTURES)

Dix jours que le vol MH370 de la Malaysia Airlines ne répond plus. Les recherches s'étendent à une vingtaine de pays, la vie des pilotes est disséquée à la recherche d'un indice, et des milliers d'internautes scrutent les eaux de la mer de Chine et de l'océan Indien pour retrouver d'éventuels débris de l'avion disparu dans la nuit du 7 au 8 mars. Forcément, cet épisode rappelle beaucoup d'œuvres de fiction, qui peuvent donner des pistes sur ce qui s'est passé... ou pas. 

Tintin, la théorie du complot la plus fascinante

L'histoire : dans la BD Vol 714 pour Sydney, l'avant-dernière aventure de Tintin, parue en 1968, l'infâme Rastapopoulos cherche à enlever le milliardaire Laszlo Carreidas pour lui extorquer sa fortune. Pour cela, il fait détourner son avion privé qui reliait Djakarta à Sydney et le fait atterrir sur une île déserte pour le cuisiner au calme. Ce qu'il ignore, c'est que Tintin, Haddock et Tournesol ont pris place à bord.

Pourquoi ça rappelle le vol MH370 : les partisans de la théorie du complot ont leur Bible. Tout y est : la localisation en Asie du Sud-Est, la disparition inexpliquée d'un avion qui vole au ras de l'eau pour éviter la détection radar, l'équipage félon et l'atterrissage sur une île perdue, grâce à une piste de fortune. Sur le papier, ça tient... En réalité, c'est plus compliqué : l'avion privé du milliardaire Laszlo Carreidas est bien plus léger que le Boeing 777, et bien plus petit : il peut se poser sur une piste de quelques centaines de mètres, là où il faudra au moins 1 500 mètres à un gros avion de ligne pour atterrir. Denis Giles, qui dirige le site Andaman Chronicle, estime sur CNN (article en anglais) qu'"un tel avion ne pourrait atterrir nulle part sans être repéré."

Stephen King et la thèse de la faille spatio-temporelle

L'histoire : l'écrivain américain Stephen King a pensé à un changement d'espace-temps pour expliquer un crash aérien. Dans sa nouvelle Les Langoliers, parue en 1977 (adaptée en téléfilm dix-huit ans plus tard), dix passagers se réveillent dans un avion désert et parviennent à atterrir sans casse – coup de chance, l'un des passagers est un pilote de ligne qui se rendait aux funérailles de son ex-épouse. L'un d'eux émet l'hypothèse qu'une aurore boréale traversée pendant le vol a pu les envoyer dans un autre espace-temps. 

L'histoire de la série Lost se rapproche de ce scénario : les passagers d'un avion qui s'est écrasé à cause d'un orage magnétique se retrouvent sur une île, coupés du monde, et cherchent à comprendre ce qui leur est arrivé. On taira la fin alambiquée de la série.

Pourquoi ça rappelle le MH370 : certes, ce n'est pas très scientifique, mais comment expliquer que l'avion de la Malaysia Airlines ait brusquement disparu des écrans radar ?

Marc Dacier ou l'hypothèse du pilote pirate de l'air

L'histoire : dans la BD L'or du Vent d'est, Marc Dacier enquête sur la disparition d'un avion qui a disparu au large de Hong Kong avec une importante cargaison d'or. Il n'est pas le seul sur le coup : la mafia locale cherche à mettre la main sur l'appareil.

Pourquoi ça rappelle le MH370 : les soupçons s'orientent vers les pilotes du vol MH370. Et comme le montre L'or du Vent d'est, ce sont eux les mieux placés pour mettre hors de combat tous les passagers. L'astuce imaginée par Jean-Michel Charlier, célèbre scénariste fondu d'aviation (il signe aussi Tanguy et Laverdure et Buck Danny) est toute simple : le copilote machiavélique dépressurise le cockpit et asphyxie en quelques secondes ses équipiers. Il devient instantanément maître de l'appareil... et prononce la phrase "bonne nuit les petits !" qui fait furieusement penser au "eh bien, bonne nuit !", les dernières paroles prononcées à la radio par le copilote du MH370. Un extrait de l'album est lisible sur le site BDGest'.

"Airport 77", pour expliquer comment l'avion a disparu en mer

L'histoire : dans ce film catastrophe américain (Les naufragés du 747, en version française), l'avion, détourné par des pirates de l'air, parvient à amerrir au milieu d'une mer déchaînée – en plein triangle des Bermudes – et coule à pic. L'appareil s'enfonce dans l'eau, mais la pressurisation de la cabine permet aux passagers de survivre... en attendant l'éventuelle arrivée des secours.

Pourquoi ça rappelle le MH370 : si l'avion s'est écrasé en mer, a-t-il forcément coulé corps et biens ? C'est probable, mais pas certain : il y a eu trois cas avérés d'amerrissage réussi d'un avion de ligne dans l'histoire de l'aviation...

Existe aussi en version Airport 79, avec Alain Delon qui fait atterrir un Concorde à flanc de montagne en lisant le Figaro avec sa main libre...

"Les survivants", l'histoire vraie des rescapés d'un crash

L'histoire : tout part d'un réel accident d'avion, le crash dans les Andes d'un avion de ligne emportant une équipe de rugby uruguayenne, transposée en livre puis au cinéma. L'histoire, véridique donc, est saisissante : des survivants d'une catastrophe aérienne attendent en vain les secours pendant deux mois, jusqu'à ce que deux d'entre eux descendent la montagne au terme d'un trek épique de dix jours pour enfin donner l'alerte.

Pourquoi ça rappelle le MH370 : si l'appareil s'est écrasé dans la jungle, se pose la question de leurs conditions de vie. Les rescapés du crash dans les Andes ont survécu deux mois dans des conditions très difficiles (froid glacial, peu de ressources naturelles)... en n'ayant d'autre choix que de manger ceux qui n'avaient pas survécu au crash. Ce qu'ils ont difficilement admis auprès de l'auteur du livre Les survivants (Grasset, 1975), mais que la presse du monde entier a retenu. L'écrivain, Piers Paul Read, se souvient dans le Daily Telegraph (article en anglais) : "Ils avaient peur qu'on leur jette des pierres. Mais quand le livre est paru, ils sont devenus des héros nationaux." Le livre est considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature de survie, et le lieu du crash est encore aujourd'hui un lieu de pèlerinage pour ceux qui veulent saluer le courage de ces rescapés.

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