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Attentats au Sri Lanka : "Il y avait déjà eu des agressions contre les chrétiens, mais jamais d’une telle ampleur"

"Pourquoi des chrétiens, maintenant ?" se demande le géographe Delon Madavan, alors que des explosions ont fait au moins 156 morts dimanche.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La police sri-lankaise sur les lieux d'une explosion, dimanche 21 avril, dans un hôtel de Colombo. (ISHARA S. KODIKARA / AFP)

Plusieurs attentats ont frappé ce dimanche des hôtels de luxe et trois églises en pleine messe de Pâques au Sri Lanka. Un bilan fait état de 290 morts et 500 blessés. Des attaques qui ont été attribuées ce lundi par le gouvernement du Sri Lanka à un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama’ath (NTJ) . "Il y avait eu des agressions à petite échelle contre les chrétiens, mais jamais d’une telle ampleur", estime Delon Madavan, géographe, chercheur associé au Centre d’études sur l’Inde et l’Asie du Sud à Paris et Montréal, invité de franceinfo ce dimanche. Jusqu’alors, "il y avait eu peu d’attaques contre la communauté chrétienne", sur l’île qui compte de 70 à 75% de bouddhistes. Les chrétiens constituent "une communauté importante, entre 6 et 7% de la population. Catholiques ou protestants, les chrétiens représentent ainsi une importante minorité au niveau régionale", selon le géographe.

>>> DIRECT : Attentats au Sri Lanka

Le Sri Lanka, où s'est rendu le pape François en 2015, est l'un des pays asiatiques où on trouve le plus de chrétiens, "évangélisés par les prêtres français dans le nord et italiens dans le sud et l'ouest. Il y a une très grande ferveur religieuse", dit-il.

"L'une des trois églises touchées, Saint-Anthony, à Colombo, est l'une des plus importante de l'ile, c’est aussi un symbole, car elle est partagée par les pratiquants cinghalais et les pratiquants tamouls.  On est aussi dans un quartier à majorité tamoul et musulmane. Les lieux qui ont été choisis ne sont pas anodins. La deuxième église, à Negombo, se situe dans une région connue pour la présence importante de chrétiens, et la troisième, à Batticaloa, se situe dans une ville connue pour la cohabitation interethnique et interreligieuse".

L'une des trois églises touchées, Saint-Anthony, à Colombo, est l'une des plus importante de l'île, c’est aussi un symbole, elle est partagée par les cinghalais et les tamouls, dans un quartier à majorité tamoule et musulmane. Les lieux choisis ne sont pas anodins.

Delon Madavan

à franceinfo

"Il y a traditionnellement une certaine tolérance interreligieuse" dans ce pays, ravagé depuis de nombreuses années par un conflit qualifié jusque là d’interethnique, entre cinghalais et tamouls. Mais "ces dernières années des attaques ont été perpétrées contre des monuments ou des minorités religieuses du fait de l'émergence de partis intégristes bouddhistes qui veulent réaffirmer la supériorité du bouddhisme au niveau de l'île" continue Delon Madavan. "Il y avait eu des agressions à petite échelle contre les chrétiens, mais jamais d’une telle ampleur. C'est aussi ce qui pose question: pourquoi des chrétiens, maintenant ? Personne ne l’envisageait, car les principales victimes d’agression étaient plutôt musulmanes ces dernières années". Les chrétiens avaient déjà été la cible des bouddhistes intégristes et de l’extrême-droite cinghalaise, selon le spécialiste de l’Inde et de l’Asie du Sud. 

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