Attentats au Sri Lanka : l'impact est "considérable" sur le tourisme estime un spécialiste du secteur
Après les attentats lors de Pâques, le tourisme risque de connaître un recul au Sri Lanka estime Didier Arino, directeur général de Protourisme.
Alors que le Sri Lanka avait été élu destination numéro un par le guide Lonely Planet, l'impact des attaques est "considérable" sur le tourisme, explique lundi 22 avril sur franceinfo Didier Arino, directeur général de Protourisme. L'île a été meurtrie dimanche 21 avril par une série d'attentats suicides dans des hôtels de luxe et des églises. Le bilan est de 290 morts et 500 blessés. Didier Arino appelle à "ne pas céder à ce chantage, à cette violence" et assure que d'ici quelques temps, la destination sera "extrêmement sûre" et qu'y aller sera "un bel acte de solidarité".
franceinfo : Y'a-t-il eu beaucoup d'annulations ?
Didier Arino : L'attentat a un impact tout à fait considérable sur le tourisme sri lankais. Très peu de tours opérateurs prennent le risque d'envoyer leurs clients au Sri Lanka après ces attentats. D'ailleurs, il y a la possibilité pour l'ensemble des voyageurs de changer de destination ou de repousser leur séjour. Ce qu'il faut savoir, c'est que c'était véritablement la destination en vogue cette année, élue destination numéro un par le guide Lonely Planet, qui avait vu un doublement de sa fréquentation entre 2013 et 2016 pour atteindre un chiffre record de 2,3 millions de touristes en 2018. C'est d'ailleurs un secteur de première importance pour le Sri Lanka qui sortait depuis 2009 d'une guerre civile et qui avait retrouvé un développement harmonieux de son économie et de son tourisme, même s'il y avait toujours des problèmes politiques.
Est-ce que c'est une destination prisée des Français ?
Un peu plus de 100 000 Français sont allés au Sri Lanka en 2018 avec une progression importante du nombre de voyageurs. Les premiers émetteurs vers le Sri Lanka, ce sont l'Inde et la Chine. Mais ensuite, il y a les Britanniques, les Allemands et les Français qui ne sont pas très loin. D'ailleurs, c'est une île absolument extraordinaire avec une diversité fabuleuse : des sites au patrimoine mondial de l'Unesco, des plages paradisiaques, des sites religieux, des fêtes, des montagnes et des paysages absolument incroyables. Cette destination est l'une des plus belles au monde avec un développement du tourisme et notamment la création d'hébergements, du palace colonial à la maison design. Véritablement c'est un coup dur pour la destination. On voit qu'il y a une volonté de détruire le tourisme et donc d'impacter l'économie du Sri Lanka avec des extrémistes islamistes cette fois-ci. Les terroristes font des attentats dans des endroits où il y a un impact très important pour l'économie alors bien évidemment toucher des clientèles étrangères des grands hôtels. La symbolique est très forte et l'effroi a pour conséquence d'un arrêt de ces destinations dans la programmation des tours opérateurs et une désaffection de ces destinations pour les touristes. Il faut dans tous les cas de figures certainement ne pas céder à ce chantage, à cette violence. Dans les mois qui viennent, cette destination sera à n'en pas douter une destination extrêmement sûre. Le risque zéro n'existe pas. Nulle part, ni chez nous, ni ailleurs. Par conséquent il est très important ensuite de réagir et de se montrer solidaires.
Est-ce que vous imaginez justement que ces attaques avoir un impact durable sur la fréquentation touristique ?
On connaît le potentiel de résilience des destinations touristiques. On l'a vécu en France avec les attentats que nous avons subis. On sait que pour la France, il faut environ un an avant d'avoir une reprise. Pour le Sri Lanka, on sera certainement au-delà de ce laps de temps. La grande question en la matière est la suite, c’est-à-dire si les choses sont apaisées, bien évidemment la destination retrouvera des couleurs. En revanche, si par malheur, il devait y avoir de nouveaux actes terroristes, là, l'impact sera beaucoup plus important sur la durée. Plus on est éloigné d'une destination, plus l'impact est important pour nous. Les conflits sociaux des gilets jaunes et les images véhiculées dans le monde entier ont un impact pour des clientèles très lointaines, pas pour la clientèle italienne ou espagnole. C'est pareil pour le Sri Lanka. Nous sommes très éloignés du Sri Lanka et donc pour un touriste lambda, les images qui sont véhiculées ne lui donnent absolument pas envie d'y aller. Il y aura sûrement une volonté du gouvernement sri lankais de faire une promotion dans quelque temps pour redresser la destination. Ça sera d'ailleurs pour les voyageurs français un bel acte de solidarité d'aller au Sri Lanka avec des tarifs qui seront aussi certainement tout à fait attractifs.
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