Cet article date de plus de dix ans.
«L’Azerbaïdjan a besoin des entreprises françaises et la France de son pétrole»
François Hollande est parti le 11 mai 2014 dans le Caucase pour une visite de trois jours. Première étape : l’Azerbaïdjan, pays pétrolier sur la mer Caspienne entaché par le conflit du Haut-Karabagh. Bayram Balci, chercheur au Ceri, spécialiste de l'Asie Centrale et de l’espace turcophone analyse les raisons de cette visite.
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Temps de lecture : 4min
Quels sont les principaux enjeux de cette visite?
Les échanges économiques sont la priorité du voyage de François Hollande en Azerbaïdjan. Le but des contrats pétroliers que la France souhaite conclure est de réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Russie. L’Azerbaïdjan s’impose véritablement comme un partenaire économique important pour le pays.
En ce qui concerne les autres pays que François Hollande va visiter, la France entretient des relations avec l’Arménie. Donc, je pense que le Président y va surtout pour rassurer les Arméniens et ne pas faire de jaloux. En revanche, pour la Géorgie, il s’agit là d’envoyer un message fort à Vladimir Poutine et de lui signifier que l’Europe s’intéresse à cette région.
Pourquoi faire cette visite maintenant, en pleine crise ukrainienne?
La décision de cette visite est très probablement liée à la crise économique française. François Hollande cherche à trouver d’autres issues pour faire redémarrer l’économie. Certes, la situation en Ukraine peut faire passer cette visite pour une provocation vis-à-vis de Vladimir Poutine mais la crise a commencé il y a déjà plusieurs mois et concrètement la France n’a pas les moyens de provoquer la Russie, ce n’est pas sa stratégie.
Je pense que ce qui se passe en Ukraine fait peur aux Azerbaïdjanais. Avant, ils faisaient plutôt confiance à la Russie en tant que noyau de l’ancienne Union soviétique mais plus aujourd’hui. Ils savent qu’ils ne doivent surtout pas se confronter à Poutine. Je suis convaincu qu’au fond d’eux les Azerbaidjanais se sentent plus proches de l’Europe que de la Russie.
Concrètement, quels accords économiques peuvent être signés?
Les accords prévus touchent principalement au pétrole. L’Azerbaïdjan a besoin des entreprises françaises et la France a besoin du pétrole azerbaïdjanais. Comme beaucoup de pays européens, sa stratégie est de diversifier les sources d’hydrocarbures pour de ne pas être dépendante d’une seule puissance. C’est pour cette raison que la France cherche à privilégier sa relation avec les pays du tour de la mer Caspienne. Le Kurdistan irakien pourrait aussi faire partie des pays fournisseur de la France dans les années à venir.
Parmi les contrats prévus avec l’Azerbaïdjan, il y a notamment celui de la construction du métro de Bakou. Alstom doit également livrer cinquante locomotives de fret. François Hollande a par ailleurs affirmé que le partenariat oriental en projet n’était dirigé contre personne. Cette initiative intéresse un maximum les pays du Caucase. Ils souhaiteraient même plus que cela. Dans la perspective d’un accord avec l’Union européenne, voire d’une intégration, l’Arménie et la Géorgie se disent qu’ils ont plus de chance que la Turquie de parvenir à leur but car ils sont de culture chrétienne et surtout qu’il s’agit de petit Etats (environ 3 millions et 4,5 millions pour l’Arménie et la Géorgie contre 76 millions pour la Turquie, NDLR).
La façon dont François Hollande a abordé la question des droits de l’Homme peut-elle, selon vous, aboutir à des changements?
François Hollande s’est plutôt bien débrouillé, il a dit que la France ne militait pas pour les droits de l’Homme par ingérence mais par attachement à «ses valeurs et ses principes». Par contre, le président Ilham Aliyev a répondu que l’accès à internet était libre et garanti dans tout le pays et que les libertés individuelles étaient respectées, ce qui est ridicule car ce n’est absolument pas vrai. Peu de changements sont possibles pour le moment.
Les échanges économiques sont la priorité du voyage de François Hollande en Azerbaïdjan. Le but des contrats pétroliers que la France souhaite conclure est de réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Russie. L’Azerbaïdjan s’impose véritablement comme un partenaire économique important pour le pays.
En ce qui concerne les autres pays que François Hollande va visiter, la France entretient des relations avec l’Arménie. Donc, je pense que le Président y va surtout pour rassurer les Arméniens et ne pas faire de jaloux. En revanche, pour la Géorgie, il s’agit là d’envoyer un message fort à Vladimir Poutine et de lui signifier que l’Europe s’intéresse à cette région.
Pourquoi faire cette visite maintenant, en pleine crise ukrainienne?
La décision de cette visite est très probablement liée à la crise économique française. François Hollande cherche à trouver d’autres issues pour faire redémarrer l’économie. Certes, la situation en Ukraine peut faire passer cette visite pour une provocation vis-à-vis de Vladimir Poutine mais la crise a commencé il y a déjà plusieurs mois et concrètement la France n’a pas les moyens de provoquer la Russie, ce n’est pas sa stratégie.
Je pense que ce qui se passe en Ukraine fait peur aux Azerbaïdjanais. Avant, ils faisaient plutôt confiance à la Russie en tant que noyau de l’ancienne Union soviétique mais plus aujourd’hui. Ils savent qu’ils ne doivent surtout pas se confronter à Poutine. Je suis convaincu qu’au fond d’eux les Azerbaidjanais se sentent plus proches de l’Europe que de la Russie.
Concrètement, quels accords économiques peuvent être signés?
Les accords prévus touchent principalement au pétrole. L’Azerbaïdjan a besoin des entreprises françaises et la France a besoin du pétrole azerbaïdjanais. Comme beaucoup de pays européens, sa stratégie est de diversifier les sources d’hydrocarbures pour de ne pas être dépendante d’une seule puissance. C’est pour cette raison que la France cherche à privilégier sa relation avec les pays du tour de la mer Caspienne. Le Kurdistan irakien pourrait aussi faire partie des pays fournisseur de la France dans les années à venir.
Parmi les contrats prévus avec l’Azerbaïdjan, il y a notamment celui de la construction du métro de Bakou. Alstom doit également livrer cinquante locomotives de fret. François Hollande a par ailleurs affirmé que le partenariat oriental en projet n’était dirigé contre personne. Cette initiative intéresse un maximum les pays du Caucase. Ils souhaiteraient même plus que cela. Dans la perspective d’un accord avec l’Union européenne, voire d’une intégration, l’Arménie et la Géorgie se disent qu’ils ont plus de chance que la Turquie de parvenir à leur but car ils sont de culture chrétienne et surtout qu’il s’agit de petit Etats (environ 3 millions et 4,5 millions pour l’Arménie et la Géorgie contre 76 millions pour la Turquie, NDLR).
La façon dont François Hollande a abordé la question des droits de l’Homme peut-elle, selon vous, aboutir à des changements?
François Hollande s’est plutôt bien débrouillé, il a dit que la France ne militait pas pour les droits de l’Homme par ingérence mais par attachement à «ses valeurs et ses principes». Par contre, le président Ilham Aliyev a répondu que l’accès à internet était libre et garanti dans tout le pays et que les libertés individuelles étaient respectées, ce qui est ridicule car ce n’est absolument pas vrai. Peu de changements sont possibles pour le moment.
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