Cet article date de plus de quatorze ans.

Après moins de neuf mois au pouvoir, le Premier ministre japonais de centre-gauche Yukio Hatoyama a démissionné mercredi

Il est victime de sa gestion désastreuse du déménagement d'une base américaine sur l'île d'Okinawa, d'une impopularité record et de scandales de financement occulte touchant son entourage.L'actuel vice-Premier ministre et ministre des Finances, Naoto Kan, 63 ans, semble le mieux placé pour lui succéder, probablement dès vendredi, selon les médias.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Yukio Hatoyama écoutant des membres de son parti, après l'annonce de sa démission (2-6-2010) (AFP - Yoshikazu TSUNO)

Il est victime de sa gestion désastreuse du déménagement d'une base américaine sur l'île d'Okinawa, d'une impopularité record et de scandales de financement occulte touchant son entourage.

L'actuel vice-Premier ministre et ministre des Finances, Naoto Kan, 63 ans, semble le mieux placé pour lui succéder, probablement dès vendredi, selon les médias.

Yukio Hatoyama, président du Parti démocrate du Japon (PDJ), est le quatrième chef de gouvernement à interrompre son mandat en moins de quatre ans au Japon. Après avoir résisté plusieurs jours à une pression alimentée par des sondages catastrophiques, il a finalement dû partir à quelques semaines des élections sénatoriales fixées le 11 juillet.

Brillant vainqueur des élections législatives d'août 2009 qui ont mis un terme à plus d'un demi-siècle de domination des conservateurs, Yukio Hatoyama, héritier d'une riche dynastie politico-industrielle, était arrivé au pouvoir avec de grandes ambitions: changer le Japon, faire de la politique au service du peuple et rééquilibrer les relations avec les Etats-Unis. Crédité d'un taux de popularité de plus de 70 % au début de son mandat, il a très rapidement entamé une dégringolade dans les sondages en raison de ses volte-face et de son manque de décision.

Le plus grand reproche que lui ont fait les Japonais est d'avoir renoncé à sa promesse de retirer la base aérienne américaine de Futenma de l'île d'Okinawa, comme le réclamait la population locale. Ce renoncement, sous la pression des Etats-Unis, a fait voler en éclats la coalition gouvernementale tripartite de centre-gauche formée entre le PDJ et deux petites formations. Le Parti social-démocrate (PSD), opposé au maintien à Okinawa de la base, a quitté le gouvernement la semaine dernière et rejoint l'opposition.

"La coopération entre le Japon et les Etats-Unis est indispensable pour la paix et la sécurité dans l'Asie de l'Est et j'ai été contraint de demander aux habitants d'Okinawa, à mon grand regret, de [continuer à, NDLR] supporter le fardeau", a expliqué l'ancien premier ministre, regrettant également le départ des sociaux-démocrates. "Le travail du gouvernement n'a pas été bien compris du public. Nous avons perdu son écoute", a-t-il par ailleurs reconnu.

Evoquant les transferts illicites d'argent dans les formations politiques, M. Hatoyama a estimé qu'il fallait "reconstruire un PDJ plus propre, revenir au PDJ en qui le peuple puisse avoir confiance". Deux de ses anciens collaborateurs ont été inculpés de financement occulte de son fonds de soutien fin 2009. La justice a cependant estimé que lui-même n'était pas au courant de ces malversations.

Selon la presse nipponne, le PDJ devrait élire vendredi son nouveau président. La candidature au poste de Premier ministre sera ensuite soumise au vote du Parlement, probablement le même jour.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.