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Venezuela: le bras d'honneur de Nicolas Maduro à Donald Trump

Après avoir félicité le nouveau président américain pour son élection en novembre 2016, et souhaité des relations constructives, le chef de l'Etat vénézuélien a rapidement déchanté et se trouve aujourd'hui en confrontation directe avec Donald Trump. Comme avec d'autres depuis son arrivée à la Maison Blanche, ce dernier ne s'est pas privé d'intervenir directement dans les affaires du pays.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président vénézuélien lors d'un défilé militaire à Caracas le 1er février 2017. (JUAN BARRETO / AFP)

Déjà tendues sous l'ère Obama, les relations américano-vénézuéliennes se sont encore détériorées un mois à peine après l'investiture de Donald Trump. Ce que dénonce le président chaviste, assis sur une manne de pétrole et pourtant à la tête d'un pays de plus en plus pauvre, c'est l'ingérence américaine dans la conduite de son pays et la volonté des «Yankees» de le forcer à démissionner.

Donald Trump demande la libération d'un célèbre opposant à Maduro
En décembre 2015, l'opposition de centre droit, réunie sous l'appellation de Table de l'unité démocratique (MUD), avait largement remporté les législatives et depuis, préside le parlement. Cependant, ses nombreuses tentatives pour interrompre constitutionnellement le mandat de Nicolas Maduro, éternel défenseur de la «révolution bolivarienne», sont restées infructueuses.

C'est dans ce contexte qu'à l'aide d'un tweet, Donald Trump, qui recevait sa femme Lilian Tintori, a réclamé la libération immédiate de l'opposant Leopoldo Lopez, condamné à quatorze ans de prison pour «incitation à la violence».


Loin de donner une issue positive à la demande américaine, vécue comme une «agression», la justice vénézuélienne a au contraire confirmé la peine de Leopoldo Lopez. Ce à quoi, les Etats-Unis ont à leur tour rapidement réagi en exigeant la libération d'une centaine de «prisonniers d'opinion».

Le nouveau vice-président vénézuélien dans le viseur américain
«Nous appelons (...) au respect de l'Etat de droit, de la liberté de la presse, de la séparation des pouvoirs constitutionnels et au rétablissement d'un processus démocratique qui reflète la volonté du peuple», a précisé Mark Toner, porte-parole de la diplomatie américaine qui a aussi déploré que le gouvernement vénézuélien «criminalise la dissidence et dénie à ses concitoyens le droit de jouir de la démocratie».

Cette situation n'est qu'un épisode de plus dans la crispation grandissante entre les deux pays. Quelques jours auparavant, en effet, Washington annonçait que le fraîchement nommé vice-président du Venezuela, Tareck El Aissami, 42 ans, d'origine syrienne, avait été inscrit sur la liste noire des individus soupçonnés de trafic de drogue et de blanchiment d’argent.

Tareck El Aissami, le nouveau vice-président du président Maduro, sur la liste américaine des barons de la drogue.  (Juan BARRETO / AFP)

Considéré comme le probable successeur de M. Maduro et représentant de l'aile dure du parti socialiste au pouvoir, M. El Aissami s'est vu infliger des sanctions financières par le Trésor américain, comme le gel de ses avoirs éventuels aux Etats-Unis et l'interdiction pour lui de tout échange commercial transitant par le système financier américain.

Mauvaises relations depuis bientôt 20 ans
En forme de représailles, le gouvernement de Caracas décidait aussitôt de suspendre le signal de CNN en espagnol, principale chaîne d'information d'Amérique latine, l'accusant de «propagande de guerre». C'est la plateforme YouTube qui la met désormais gratuitement à disposition.

En réalité, les relations entre Washington et Caracas sont difficiles depuis l'arrivée au pouvoir en 1999 d'Hugo Chavez, célèbre pour ses diatribes anti-américaines. Rien n'a changé ensuite avec l'élection en 2013 de son successeur Nicolas Maduro, tout aussi virulent contre «l'Empire». Quant au duo Trump/Maduro, il commence fort.

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