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Nicaragua : "Les pressions" internationales peuvent rappeler au président Ortega "la base du fonctionnement d'un pays"

Plusieurs pays accentuent la pression sur le gouvernement du Nicaragua, alors que le pays est secoué par des manifestations violemment réprimées. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation dans les rues de Managua au Nicaragua, le 14 juillet 2018.  (JORGE TORRES / EFE)

Au Nicaragua, les pressions internationales s'accentuent sur le président Ortega après les violences qui secouent le pays. Les autorités répriment depuis trois mois un mouvement de protestation lancé par des étudiants. Au moins 280 morts ont déjà été comptabilisés. 

Il y a "une colère de la société nicaraguayenne" vis-à-vis du couple Ortega au pouvoir, a affirmé mardi 17 juillet sur franceinfo Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes à Sciences Po. Selon lui, "il y a eu une vraie violence" du gouvernement, mais aussi "des forces paramilitaires qui sont armées par le gouvernement pour tuer". Pour le politologue, c'est "l'addition des pressions, tant internes qu'externes", qui peuvent rappeler au gouvernement "la base du fonctionnement d'un pays".

franceinfo : Quelle est la situation actuellement au Nicaragua ?

Gaspard Estrada : La situation est extrêmement tendue, compte tenu des initiatives prises par le régime du président Ortega, qui vise à mater cette rébellion au prix de la multiplication des morts. La communauté internationale commence à hausser le ton, même si ces manifestations durent depuis plusieurs mois. Il y a près de 300 morts et on voit mal ce qui va arrêter le gouvernement. Ce qu'il y a aujourd'hui, c'est un couple exécutif [Daniel Ortega et sa femme, la vice-présidente] qui souhaite à tout prix reprendre la main. Il y a une vraie violence du gouvernement et par des forces paramilitaires, qui sont armées par le gouvernement pour tuer ou mater ces manifestations, y compris de manière violente.

Qu'est qui a déclenché ces manifestations ?

Ce qui les a déclenchées, c'est à la base une réforme des retraites. Mais cela a cristallisé une colère de la société nicaraguayenne vis-à-vis de ce couple, qui est aux commandes du pays depuis 2007. Daniel Ortega avait déjà été président de 1979 à 1990. Il y a un vrai ras-le-bol par rapport à cet accaparement de l'État par cette famille qui reproduit tous les excès qui avait été ceux d'un autre régime dictatorial de Somoza, renversé en 1979 par Ortega.

Est-ce que les pressions diplomatiques sont de nature à calmer la répression gouvernementale en cours ?

J'espère que cela va peser, même si on a vu que ces pressions ont jusqu'à présent, au contraire, raidi et radicalisé le régime. Je pense que les milieux d'affaires et l'Église catholique - qui avait rompu avec le régime alors qu'elle faisait partie des soutiens du gouvernement - peuvent contribuer à ce que le gouvernement fasse machine arrière. Il faut l'addition des pressions, tant internes qu'externes, pour faire entendre raison au gouvernement. Je pense qu'il y a une fuite en avant de la part du gouvernement. Il est important que la communauté internationale rappelle la base du fonctionnement d'un pays, pour éviter qu'il y ait cette escalade.

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