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Josefina Vazquez, candidate de la continuité à la conquête de la présidence

Elle est la première femme, issue d’une formation de poids, à concourir à la fonction suprême au Mexique. La candidate de la droite ne part pas en favorite, son sexe n’est pas son principal handicap.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Josefina Vazquez Mota (JAVIER LIRA / NOTIMEX)

Josefina Vazquez Mota est une femme en politique. Et elle en joue. A l’instar de ses consœurs brésilienne, argentine ou panaméenne, le brushing va de paire avec les meetings. En 1999, elle publiait Dios mío hazme viuda por favor, ou "Mon Dieu que je devienne veuve". Un best-seller où elle invitait les femmes à participer dans la vie politique et à s’affirmer en se servant le leur propre "sensibilité".

Douze ans de carrière politique
Elle fait une entrée fracassante en politique à quarante ans. Après 71 ans de règne du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le parti de droite Action nationale (PAN) s’installe à la maison présidentielle, en 2000. Vicente Fox, le président élu, lui ouvre grand les portes. 

Celle qui est passée par une des universités le plus prestigieuses du Mexique devient une des rares figures féminines de son gouvernement. Elle est nommée ministre du Développement social. Trois ans après, elle quitte son poste pour l’Assemblée nationale mexicaine. En 2006, elle mise sur Felipe Calderon, l’actuel président également de droite. Elle sera sa ministre de l'Education.  Le 6 février 2012 elle est élue candidate par son parti à l’issue de primaires féroces.

Des bâtons dans les roues
Cette femme menue à la garde-robe bien fournie se présente aujourd’hui comme la candidate de la continuité. Elle propose grosso modo le même programme que ses deux prédécesseurs, au moment où le parti s’essouffle après douze ans au pouvoir. Dans un pays à la réputation machiste, ce n'est pas sa condition de femme qui l'affaiblit, mais son parcours politique.

Tout comme le président sortant, elle est pour la tolérance zéro contre le crime organisé. Depuis l’arrivée de Felipe Calderon au somment de l’Etat, on comptabilise plus de 50 000 morts dans la bataille contre les narcos. L’efficacité de la politique du président sortant est plus que décriée. Une question se pose : serait-t-elle capable de tenir tête aux trafiquants qui ont étendu leur tentacules jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir ?

Son passage à l’Assemblée nationale ne va pas l'aider. Elle n’a pris la parole que trois fois pendant vingt-et-un mois en tant que députée du PAN, alors qu’elle a été absente 190 fois. Pour son service rendu à la Nation, elle a reçu un chèque de plus de 3 millions de pesos (environ 250 000 euros). Soit le salaire minimum journalier de 4 787 Mexicains. Ses goûts de luxe et des rumeurs sur sa participation à la fraude électorale de 2006 lors de la précédente élection présidentielle ne jouent pas non plus en sa faveur.

Comment draguer les pro-life
Pour séduire l’électorat, Josefina Vazquez Mota a dégainé deux armes redoutables : une campagne d’hyper proximité et un appât pour attirer le vote conservateur. En Sarah Palin latina, elle a assuré qu’en cas de victoire, elle inscrirait "la défense de la vie" dans la constitution mexicaine. Une prise de position qui devrait lui assurer l’adhésion des milliers de Mexicains positionnés contre l’avortement.

"La ménagère fait ses courses". La candidate joue la proximité sur le site officiel de sa campagne. (FTV)

Enrique Peña Nieto, le principal opposant  aux cheveux gominés de la candidate, est, lui, contre la pénalisation des femmes ayant recours à un avortement. Vazquez Mota a rattrapé son play boy de concurrent dans les sondages. Mais la balance penche plutôt du côté de son opposant de gauche.

Les élections ne sont pas encore jouées
Dans un sondage paru dans le journal de référence, El Universal, 48% des sondés voteraient pour Peña Nieto alors que Vazquez Mota ne compte que sur 32% des intentions de vote.

Et ce en dépit des casseroles qu’il traîne. Des irrégularités dans le déroulé de la campagne du PRI sont pointées du doigt, il est accusé de corruption, et il ne sait pas combien coûte le kilo de tortillas, l'équivalent de la baguette. Une hérésie au Mexique, mais comme sa rivale ne s'en sort pas mieux...

Observateurs et politologues estiment que Peña Nieto n’a pas encore gagné malgré ses bons résultats dans les sondages. C’est le 1er juillet prochain que les Mexicains choisiront la femme ou l’homme qui dirigera ce pays de plus de 112 millions d’habitants.

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