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Honduras : une femme tuée toutes les 14 heures
2014 a été l’année la plus meurtrière pour les femmes au Honduras. Selon les critères de l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS), il s’agit bien d’une épidémie. Le gouvernement, englué dans des affaires de corruption, est impuissant à y faire face.
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Le pays détient le record mondial d’homicides avec 90 meurtres pour 100.000 habitants en 2012. Une organisation de défense des droits des femmes au Honduras a dénoncé le 24 juin 2015 une «épidémie» dans le pays de meurtres de femmes, dont le nombre a presque quadruplé entre 2005 et 2013.
Selon le Centre des droits des femmes, le taux de morts violentes pour les femmes a atteint 12 pour 100.000 habitants en 2014, plus que le niveau considéré comme une épidémie – 8,8 morts pour 100.000 – par l'OMS, «ce qui conduit à considérer ces meurtres comme une épidémie», explique Claudia Herrmannsdorfer, porte-parole de l'organisation.
Le phénomène touche plusieurs pays d’Amérique latine. Il y a trois semaines, l’Argentine a vu une grande mobilisation pour dénoncer une série de féminicides dans le pays. Début juin, c’était autour du Chili, de l’Uruguay et du Mexique de connaître de telles manifestations.
526 femmes tuées en 2014 au honduras
Les chiffres sont alarmants. Au Honduras, les cas de meurtres de femmes ont connu une hausse de 263% entre 2005 et 2013, selon le Centre des droits des femmes. En 2013, 636 femmes ont été tuées, soit une toutes les 14 heures, un chiffre qui a baissé légèrement en 2014 (526). 2015 s’annonce aussi, voire plus, meurtrière que les précédentes. Entre janvier et mai, 152 féminicides ont déjà été recensés. Autre chiffre alarmant : 94% des meurtres restent impunis.
Guerre des gangs? Machisme? Selon Claudia Herrmannsdorfer, l’impunité viendrait du fait que «les femmes (victimes) étaient impliquées dans des activités du crime organisé et pour cela on n'enquête pas, mais il faudrait le faire.»
Le Honduras, qui souffre de la mainmise des bandes criminelles, traverse une crise politique. Depuis quatre semaines, le président Juan Orlando Hernandez affronte une vindicte populaire alimentée par la révélation de détournements de fonds au détriment de la Sécurité sociale et au bénéfice de son parti. Tout en admettant la corruption de son parti, le président hondurien refuse de démissionner, son mandat courant jusqu’en 2018.
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