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Equateur: une réussite économique en demi-teinte qui pèsera sur les élections

Quelque 13 millions d’électeurs équatoriens doivent désigner ce 19 février le successeur du président socialiste Rafael Correa qui ne se représente pas. Cinq candidats sont en lice (pour ce premier tour) pour gouverner un pays en proie à la récession due à la faiblesse des cours du pétrole et aux scandales de corruption. Après une certaine réussite économique, le pays traverse une mauvaise passe.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Campagne électorale en Equateur: partisans du candidat libéral Guillermo Lasso. (AFP/Rodrigo Buendia)
  
En l'absence du charismatique et autoritaire Rafael Correa au pouvoir depuis 10 ans, une grande incertitude entoure ces élections présidentielle et législatives.

A en croire les derniers sondages, les Equatoriens ont le choix entre la continuité à gauche, avec le dauphin désigné du président Correa, Lenin Moreno, ou un net tournant libéral avec l’ancien banquier Guillermo Lasso, tous deux favoris des pronostics.

Selon l’institut de sondage Cedatos, Lenin Moreno recueillait à la veille du scrutin 32,3% des intentions de vote, suivi de Guillermo Lasso (21,5%), de l'ex-députée de droite Cynthia Viteri (14%) et de l'ancien maire de gauche de Quito, Paco Moncayo (7,7%). Pour l'emporter au premier tour, le successeur de Correa doit recueillir au moins 40% des voix, avec dix points d'avance sur le suivant.

Scandale Oderbrecht
Le candidat conservateur Guillermo Lasso a appelé à «voter pour le changement afin de lutter contre la corruption», affirmant que le gouvernement «ne veut pas que nous sachions qui sont les bénéficiaires des pots-de-vin du groupe Odebrecht». Dans ce scandale qui éclabousse toute l’Amérique latine, la justice américaine a révélé que le groupe de construction brésilien avait payé environ 33,5 millions de dollars entre 2007 et 2016 à des fonctionnaires en Equateur.
Un ex-ministre, Carlos Pareja, est également mis en cause dans une autre affaire impliquant l'entreprise pétrolière publique Petroecuador.

Lenin Moreno, lui, se situe dans la continuité de son mentor Raphaël Correa, chantre d'un «Socialisme du XXIe siècle», qui a utilisé la manne pétrolière pour redistribuer les richesses et moderniser les infrastructures, mais qui souffre depuis deux ans de la chute des prix du brut. Le gouvernement, qui a bénéficié d’une hausse historique de la manne pétrolière, laisse un pays en crise avec des caisses vides.

Le candidat de gauche Lenin Moreno au coté du président sortant rafael Correa (afp/Juan Cevallos)


Le bilan du président Corea semble pourtant bien meilleur que nombre de ses voisins latino-américains. L'Equateur, membre de l’Opep, a connu, grâce à ses revenus pétroliers et à une politique de redistribution sociale, un net recul de la pauvreté et des inégalités. Trois millions d’Equatoriens sont sortis de la pauvreté en dix ans. Des routes, des écoles et des hôpitaux ont été construits. Grâce au sérieux des politiques économiques (keynesiennes) et aux compétences de l’administration, l’Equateur a réussi là où son allié vénézuélien a largement échoué.

Chute de la manne pétrolière
La chute des cours du brut en 2015 et le tremblement de terre survenu en avril 2016 n’ont fait qu’accroître les problèmes économiques et le besoin de financement de l’Etat.

La croissance, qui a baissé de 1,7% en 2016, s’est rapidement traduite par un blocage des salaires des fonctionnaires et une hausse du chômage.

Le pays est également plombé par une dette importante (près de 40% du PIB). La Chine, premier financier étranger de l’Equateur avec 17,4 milliards de dollars de prêts, s'est engagée à investir dans de nombreux projets pétrochimiques et miniers.

Avec la récession, le président sortant Rafael Correa a totalement oublié les promesses faites aux écologistes et aux Indiens, d’un développement respectueux de la nature et de l’environnement.
Les électeurs équatoriens se détermineront en fonction de ce bilan en demi-teinte. Mais faute d’une reprise des cours du pétrole, le pays semble condamné (quel que soit le vainqueur) à une certaine rigueur budgétaire et salariale.
 
 

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