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Crise au Venezuela: la possibilité d'un apaisement entre Maduro et l'opposition

Il aura fallu l'intercession du pape François et de quelques anciens chefs d'Etat sud-américains, pour que le président Maduro, socialiste héritier du chavisme, et l'opposition de centre-droit qui demande son départ, acceptent d'entamer un dialogue après un an de tensions, de blocages institutionnels et l'approfondissement d'une crise économique sans précédent dans ce pays producteur de pétrole.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Rencontre en vue de réduire les tensions entre l'opposition de centre-droit et le président socialiste Maduro à Caracas le 31 octobre 2016 sous les auspices d'un émissaire du pape François. (Marco BELLO / REUTERS)

Entamé le dimanche 30 octobre 2016, le dialogue s'est poursuivi jusqu'au lendemain sans interruption. Est-ce de bon augure ? Les deux camps ont en tout cas décidé de se rencontrer à nouveau le 11 novembre. La voie de la discussion semble aujourd'hui admise de part et d'autre pour réduire les tensions politiques de plus en plus prégnantes depuis que la coalition de la MUD (Table de l'unité démocratique) a remporté les législatives de décembre 2015, devenant majoritaire au parlement.

Blocage de la procédure de référendum révocatoire contre Nicolas Maduro
A la suite de sa victoire, comme la Constitution vénézuélienne l'y autorise, l'opposition a lancé une procédure de référendum révocatoire à mi-mandat contre le président Nicolas Maduro, en déposant deux millions de signatures devant le Conseil national électoral. Mais, récemment, cette instance a gelé le processus destiné à organiser un vote pour ou contre Maduro, sans donner de véritables raisons.

Une décision qui a entraîné nombre de protestations dans tout le pays, l'appel à une grève générale fin octobre et des affrontements entre la police anti-émeutes et des manifestants pro et anti-gouvernement.

Depuis ce blocage institutionnel, les adversaires du président chaviste l'accusent de conduire le pays vers la dictature et d'ignorer la nouvelle majorité au Parlement. Maduro, lui, se dit victime d'un complot visant à le renverser avec la complicité des Etats-Unis.

Il a même menacé de faire arrêter les dirigeants de l'opposition.

Calmer le jeu
Justifiant sa participation à la rencontre avec le président Maduro, la coalition de centre-droit s'est exprimée en ces termes: «Nous sommes là pour défendre le peuple vénézuélien, pour défendre le droit du peuple à sortir de cette crise par des voies pacifiques».

L'opposition vénézuélienne a d'ailleurs cherché à calmer le jeu dès le lendemain en suspendant le vote de défiance prévu au parlement contre Nicolas Maduro.

La marche vers le palais Miraflores, la résidence présidentielle à Caracas, organisée pour le 3 novembre a également été annulée. L'objectif est de laisser une chance au fragile dialogue amorcé avec le gouvernement.

Selon un sondage du cabinet Hinterlaces, diffusé dimanche 30 octobre, 83% des Vénézuéliens sont pour le dialogue et 87% favorables à la médiation du pape François.

Le Venezuela vit l'une des pires crises économiques de son histoire, asphyxié par la faiblesse des cours du brut, source de 96% de ses devises. Les infrastructures désuètes liées à l'exploitation de l'or noir contribuent aussi à l'appauvrissement de ce pays de plus de 30 millions d'habitants.

Quant à son inflation, aggravée par les pénuries de denrées et de médicaments, elle est devenue totalement incontrôlable: elle devrait atteindre 475% cette année, selon le FMI, puis exploser à 1.660% en 2017!

La mortalité infantile supérieure à celle de la Syrie
La crise entraîne aussi des problèmes sanitaires. Ainsi, des médecins vénézuéliens s'inquiètent du retour de la diphtérie, une maladie infectieuse disparue depuis 1992 dans le pays.

Autre préoccupation majeure: le taux de mortalité infantile. Entre le 1er janvier et le 28 mai 2016, 4.074 bébés sont décédés peu après leur naissance, soit 28 morts par jour en moyenne, la plupart du temps à cause d'un poids trop faible.

Par rapport à 2015, le taux de mortalité est passé de 14,8 à 18,6 décès pour 1.000 naissances, soit une augmentation de 18,5%. Un taux qui dépasse de trois points les statistiques de la Syrie, pays en guerre, rappelons-le.

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