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Colombie: le président Santos associe les Farc au plan d'éradication de la coca
Pour conforter l'importante avancée à La Havane le 23 septembre 2015, des pourparlers de paix entre les autorités colombiennes et la guérilla des Farc, avec l'engagement des deux parties à signer un accord d'ici à 6 mois, le gouvernement encourage la rébellion marxiste à l'aider à mettre fin au trafic de drogue en éradiquant la culture de la coca, composant de base de la cocaïne. Une première.
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Depuis le début des pourparlers de paix il y a près de trois ans, sous les auspices de Cuba et de la Norvège, le thème de la lutte anti-drogue a été abordé de façon concrète avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, communistes), selon les déclarations du président colombien, Juan Manuel Santos.
«Nous avons parlé avec les Farc de plans conjoints pour la substitution des cultures. Vous imaginez ce que cela implique? Que les Farc, au lieu de défendre les cultures illégales et toute la chaîne du trafic de drogue, aident l'Etat dans son éradication!», s'est félicité M.Santos.
Une solidarité annoncée qui rend les autorités optimistes au moment de lancer un nouveau plan anti-drogue qui prévoit en priorité la distribution de terres aux paysans qui renonceront à la culture de coca.
«Des terres pourront être attribuées à ceux qui cultivent des produits autorisés pendant plus de cinq ans, afin qu'ils deviennent en outre légalement propriétaires», a indiqué M.Santos, lors d'une déclaration télévisée.
Et de prendre un engagement face au monde entier: «La Colombie n'a pas à rester le premier exportateur de coca de la planète, et nous allons le prouver», a-t-il lancé en détaillant ce plan de Stratégie globale de substitution des cultures illicites qui en prévoit l'«éradication forcée» si les cultivateurs ne les abandonnent pas volontairement.
La Colombie, plus gros producteur mondial de cocaïne
Selon un rapport l'Office des Nations Unies de lutte contre la drogue et la criminalité (ONUDC) publié en juillet 2015, la culture de la coca colombienne a bondi de près de 44% entre 2013 et 2014, passant de 48.000 à 69.000 hectares, tandis que la production de cocaïne a presque doublé avec 442 tonnes. Ces informations ont été obtenues grâce à des images satellites des zones cultivées.
La hausse du prix de la coca en 2014 doublée d'une très bonne météo expliquent l'augmentation de ces chiffres. Cependant, pour Roberto Vargas, expert anti-drogue colombien, cité par RFI, le problème de fond réside dans la «structure agraire qui se base sur la concentration des terres» en Colombie dont la conséquence est que «les paysans sont expulsés de leurs terres vers les zones de frontière, où la seule alternative c'est la coca». Pour ces paysans, les cultures de substitution n'offrent aucun avantage à cause de la distance et des faibles infrastructures dont ils disposent.
Conscient de cette évidente lacune, le pouvoir prévoit dans son nouveau programme des mesures sociales et un accompagnement technique des paysans qui abandonneront la coca dans les départements du sud-ouest du pays, principaux producteurs. L'accent est aussi mis sur le renforcement de la lutte contre les trafiquants de drogue et sur les mesures de prévention contre l'usage de stupéfiants.
La fin de l'aspersion d'herbicide cancérigène
Enfin, le président colombien a reconnu l'échec de la stratégie d'éradication par aspersion, utilisée par les autorités depuis une vingtaine d'années. L'OMS et les professionnels de santé ayant tiré la sonnette d'alarme, M.Santos a confirmé l'arrêt au 1er octobre 2015, des aspersions d'herbicide glyphosate dénoncé comme cancérigène.
Il reste aux Farc, qui comptent encore 7.000 combattants selon les chiffres officiels et qui ont admis avoir financé leur lutte via le trafic de drogue et l'extorsion de fonds aux petits paysans, à montrer autant d'ardeur à décourager les mêmes paysans de cultiver la coca désormais.
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