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Chili: Cristina, «trésor humain vivant» de l'Unesco, dernière locutrice du yagan

Cristina Calderon, bientôt 89 ans, est la dernière locutrice native du peuple yagan, ethnie indigène de la Terre de feu chilienne, à la pointe Sud du continent américain. Elle a été déclarée en 2009 «trésor humain vivant» par l'Unesco.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Cristina a été déclarée en 2009 «trésor humain vivant» par l'Unesco. (MARTIN BERNETTI / AFP)

«Je suis la dernière locutrice yagan. D'autres le comprennent mais ne le parlent pas ou n'en ont pas la même connaissance que moi», explique «mamie Cristina», bientôt 89 ans, à un groupe de journalistes à Villa Ukika, où résident la plupart des descendants de cette ethnie, estimés à une centaine. Cette localité se trouve à un kilomètre de Puerto Williams, le village le plus austral de la planète.
 
Après la mort de sa sœur Ursula, Cristina a été déclarée en 2009 «trésor humain vivant» par l'Unesco, qui lui a reconnu son rôle dans la préservation et la transmission de la langue et des traditions de son ethnie.

 
Ce peuple nomade a atteint les confins du cône Sud il y a 6.000 ans environ. Avant l'arrivée des Européens sur le continent américain, leur population était d'environ 3.000 personnes. Outre le célèbre cap Horn, l'extrême Sud du Chili est composé d'innombrables îles, archipels et canaux, qui rendent la navigation d'autant plus difficile.
 
Les Yagans sillonnaient les mers agitées de cette région du globe, qui a vu disparaître plus de 10.000 marins et 800 navires depuis le 17e siècle, selon les données de la marine chilienne.
 
Nomades marins
Allant d'île en île, les hommes chassaient les animaux marins, tandis que les femmes se chargeaient de construire les logements, de maintenir le feu allumé et de préparer les aliments. A moitié nus, ils recouvraient leur corps de graisse de lion de mer et utilisaient des peaux de loup pour résister aux basses températures de la Terre de feu, où la moyenne annuelle est de 5 degrés. «Pour les Yagans, il s'agissait de conditions très favorables. Ils vivaient pratiquement nus, étant donné que les températures à cet endroit, un archipel entouré de mer, ne sont pas aussi basses», explique à l’AFP l'anthropologue Maurice Van de Maele.
 
Les Yagans, qui ont souffert de nombreuses épidémies et dont les traditions se sont diluées dans la vie moderne, ne pêchent plus depuis deux générations. Ils se consacrent désormais à l'artisanat, la construction, au tourisme ou à la restauration.

 
 Les Yagans ont progressivement abandonné leurs coutumes
L'influence occidentale a commencé à se faire sentir il y a 150 ans, avec la présence de colons européens dans le secteur: les indigènes ont progressivement abandonné leurs coutumes, se sont sédentarisés et ont commencé à porter des habits.
 
«Mamie Cristina», qui s'habille comme n'importe quelle grand-mère chilienne, confectionne des paniers traditionnels tressés en joncs, des répliques des canoës utilisés par ses ancêtres ainsi que des tissus en laine qu'elle vend dans sa petite boutique située à l'avant de sa maisonnette de Villa Ukika.
 
Sa petite-fille, également prénommée Cristina, vient d'écrire un livre sur sa vie, intitulé Mémoire de ma grand-mère yagan. «Elle ne sortait pas beaucoup en mer. Elle a enseigné (la langue yagan) dans la crèche d'Ukika mais maintenant elle a arrêté», confie Veronica Morales, coordinatrice du programme de conservation bioculturelle de la région sous-Antarctique.

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