"C'est un crime de s'occuper des blessés" : au Nicaragua, les médecins visés par la répression
À Masaya, l’un des hauts lieux de la contestation populaire contre le président du Nicaragua, une véritable chasse aux sorcières est engagée contre les personnels de santé.
La répression n'en finit plus au Nicaragua. "La police me cherche pour me tuer." La voix d’Erick Murillo, un médecin de la ville de Masaya, dans l'ouest du pays, traduit l’angoisse et la peur d’être capturé par les forces du président Daniel Ortega. Depuis mi-avril, au moins 317 morts ont été recensés, selon un bilan rendu public, jeudi 2 août, par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). Par crainte des représailles, des milliers de Nicaraguayens fuient au Costa Rica, un pays voisin qui a mis en place des mesures pour accueillir ces réfugiés.
Masaya est l’un des hauts lieux de la contestation populaire contre le président et tous ceux qui y ont participé sont désormais cachés. C’est une véritable chasse aux sorcières, d’après Erick Murillo. "C'est un crime de s'occuper des blessés", rapporte le médecin.
L'État nous persécute pour le simple fait d'avoir secouru la population.
Erick Murillo
Cette répression exercée par la police et les paramilitaires, depuis plus de trois mois, vise tous ceux qui ont manifesté contre le régime d’Ortega. Après les attaques contre les manifestants, ceux-ci sont désormais criminalisés par le gouvernement. "J'ai participé aux secours lors des manifestations. Avec ma brigade médicale nous avons soigné des blessés et évacué les morts. Et ça, pour la police, c'est du terrorisme", raconte Erick Murillo.
"Nous ne sommes pas des terroristes" était justement le cri des médecins et infirmiers qui ont protesté jeudi dans la capitale, Managua. Ils dénonçaient des dizaines de licenciements, mais aussi des arrestations et assassinats visant le personnel soignant. De son côté, Daniel Ortega a, pour la première fois, reconnu lors d’un entretien télévisé un nombre élevé de victimes. Le chef d'État parlait de 195 morts dans ce qu’il décrit comme des affrontements, sans admettre sa responsabilité dans la répression des manifestations.
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