"Avec lui, il n'y avait pas d'espoir" : les Haïtiens expatriés rassurés par la démission du Premier ministre Ariel Henry

Coupée du monde et confrontée à une vague de violence perpétrée par des gangs, la population expatriée d'Haïti voit d'un bon œil le départ du Premier ministre, annoncé lundi.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Premier ministre haïtien Ariel Henry a démissionné lundi 12 mars. (VALERIE BAERISWYL / AFP)

"Le Conseil des ministres a accepté de mettre en place un Conseil présidentiel de transition. Le gouvernement que je dirige se retirera immédiatement après la mise en place dudit Conseil". Dans une allocution vidéo diffusée lundi 11 mars, le Premier ministre haïtien Ariel Henry a annoncé qu'il quitterait son poste, trois ans après être arrivé à la tête du gouvernement. Un départ sous la pression de plusieurs gangs armés, qui menaçaient de mettre le pays à feu et à sang s'il restait au pouvoir.

"Il n'a rien fait pour nous. Les gens sont en train de mourir et lui n'écoutait personne, dénonce Yanika, une commerçante haïtienne rencontrée en République dominicaine. Il n'y a pas de route, pas d'eau, pas d'éclairage, rien à manger. Ariel Henry est un voleur, les États-Unis doivent le prendre chez eux." Sur proposition des États-unis, le Premier ministre démissionnaire se trouve depuis lundi à Porto Rico, où il affirme continuer de gérer les affaires courantes.

"Le peuple souffre beaucoup"

"Je suis très, très, très content, salue à son tour Jean, arrivé de la ville des Gonaïves et en partance pour les États-Unis. Avec lui, il n'y avait pas d'espoir que réellement la France, le Canada, les États-Unis prennent conscience de la situation que les Haïtiens vivent maintenant. Le peuple souffre beaucoup. C'est un nouveau départ." Un nouveau départ qui doit passer par un Conseil de transition. L'annonce a été faite par la Communauté des Caraïbes (Caricom) lundi, lors d'une réunion d'urgence en Jamaïque avec des représentants de l'ONU, des États-Unis et de la France notamment.

Ce Conseil sera composé de représentants de plusieurs forces politiques du pays selon le président du Guyana. Il aura pour mission d'organiser des élections générales dans un pays qui n'en connaît plus depuis 2016. Le pays n'a plus de président, ni de parlement depuis l'assassinat de Jovenel Moïse en juillet 2021. Le rétablissement d'un ordre politique passera par une reprise en main du pays, occupé en grande partie par plusieurs gangs, qui tiennent notamment l'aéroport international et le port de Port-au-Prince.

Le principe de l'envoi d'une force multinationale de police pilotée par le Kenya a été validé par l'ONU en octobre 2023. "Vu l'état actuel du pays, un peu de renfort peut être quelque chose de positif, estime Samuel, originaire du Cap haïtien. Récemment, plus de 3 000 prisonniers se sont évadés. Je pense que la police nationale d'Haïti n'a pas un effectif suffisant pour combattre ces gens." Le Kenya a cependant décidé de suspendre l'envoi de policiers, à l'annonce de la démission du Premier ministre. Les États-Unis ont réagi, en se disant "confiants" sur la poursuite de la mission, une fois le gouvernement de transition formé.

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