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La liaison de Petraeus était-elle une menace pour la CIA ?

Le général David Petraeus a créé la surprise en mettant fin à une brillante carrière. Il devait être entendu la semaine prochaine par le Congrès sur l'échec présumé de la CIA à protéger le consulat américain en Libye.

Article rédigé par franceinfo
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David Petraeus lors d'une visite officielle à Camberley (Royaume-Uni), le 16 décembre 2011. (GETTY IMAGES)

AMERIQUES - "Un énorme manque de jugement", "un comportement inacceptable"... Le mea culpa du général David Petraeus ne fait pas dans la demi-mesure vendredi 9 novembre. Pourtant, ce n'est pas en raison une erreur professionnelle que le héros de la guerre en Irak a démissionné de la tête de la CIA, mais à cause d'une liaison mise au jour par le FBI. Cette relation extraconjugale mettait-elle l'agence d'espionnage américaine en danger ? Francetv info réunit les derniers éléments rendus publics.

Ce que dit Petraeus

"Après plus de 37 ans de mariage, j'ai fait preuve d'un énorme manque de jugement en m'engageant dans une relation extraconjugale. Un tel comportement est inacceptable à la fois comme mari et comme dirigeant d'une organisation comme la nôtre", a expliqué dans son message aux employés de la CIA David Petraeus, après avoir présenté sa démission à la Maison Blanche "pour raisons personnelles".

Ni Petraeus ni la CIA n'ont expliqué exactement pourquoi il pensait devoir démissionner à cause de cette affaire d'adultère, et si cette liaison constituait un problème exclusivement personnel ou bien posait des questions de sécurité, compte tenu de son rôle comme chef de la puissante agence. 

Ce qui fuite dans la presse

De nombreux médias américains soulignent "le risque pour la sécurité" ou "le risque de chantage" auquel peut être soumis un haut responsable d'une administration si sensible.

Selon le New York Times, tout a commencé par une plainte d'une tierce personne contre la journaliste et biographe de Petraeus, Paula Broadwell (aujourd'hui désignée dans les médias comme la maîtresse), pour un harcèlement par mails. L'inspection des courriers privés de Paula Broadwell aurait mis au jour la nature de sa relation avec le directeur de la CIA, selon une source anonyme du FBI. "L'enquête n'a pas commencé avec lui, raconte un haut fonctionnaire, mais le FBI est tombé sur lui au cours du processus."

En clair : l'enquête ne visait pas des fuites de documents classifiés ou des questions d'espionnage international. Mais l'examen des e-mails personnels de Petraeus aurait dévoilé des possibilités de failles dans le système de sécurité, les adresses type Yahoo ou Gmail étant plus faciles à pirater.

Un contexte très sensible

Cette démission intervient trois jours après la réélection de Barack Obama comme président des Etats-Unis alors que beaucoup de dossiers l'attendent. A commencer par le remplacement de sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui a annoncé son départ pour janvier, et de ses secrétaires à la Défense, Leon Panetta, et au Trésor, Tim Geithner, également donnés partants. 

Par ailleurs, le départ de Petreaus intervient alors qu'il devait être entendu la semaine prochaine par la commission du renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants sur l'attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, le 11 septembre. Il devait s'exprimer sur ce que savait la CIA, et sur son échec à sécuriser le poste diplomatique malgré une présence importante sur place.

"D'aucuns auraient pu imaginer il y a quelques jours plusieurs bonnes raisons de démissionner" pour Petraeus, s'amuse une journaliste du New Yorker, évoquant Benghazi, mais aussi la guerre des drones et plusieurs sujets très polémiques, soulignant la surprise qu'a suscitée cette affaire d'adultère.

L'actuel conseiller de Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, serait pressenti pour prendre la suite de David Petraeus à la tête de la CIA.

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