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Brésil : la forêt amazonienne émet désormais plus de carbone qu'elle n'en absorbe

Entre 2010 et 2019, l'Amazonie brésilienne a ainsi émis environ 18% de plus de carbone qu'elle n'en a absorbé, avec 4,45 milliards de tonnes rejetées, contre 3,78 milliards de tonnes stockées.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La forêt amazonienne près de la ville de Sinop, dans le Mato Grosso (Brésil), le 7 août 2020. (FLORIAN PLAUCHEUR / AFP)

Un basculement majeur et inédit. La forêt amazonienne brésilienne, victime de l'activité humaine, a rejeté depuis 2010 plus de carbone qu'elle n'en a absorbé, une situation historique pour cet écosystème crucial dans la limitation du réchauffement de la planète, selon une nouvelle étude publiée jeudi 29 avril dans Nature Climate Change (en anglais).

Entre 2010 et 2019, la forêt amazonienne brésilienne, qui représente 60% de la forêt primaire de la planète, a perdu de sa biomasse. La forêt a ainsi émis environ 18% de plus de carbone qu'elle n'en a absorbé, avec 4,45 milliards de tonnes rejetées, contre 3,78 milliards de tonnes stockées.

Pour l'instant, a priori, "les autres pays compensent les pertes de l'Amazonie brésilienne" et ainsi "l'ensemble de l'Amazonie n'a pas encore basculé, mais elle pourrait le faire bientôt", explique à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Jean-Pierre Wigneron, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).

Un "point de rupture"

Sans les forêts, un des "poumons" de la planète qui absorbe entre 25% et 30% des gaz à effet de serre émis par l'homme, le dérèglement climatique serait bien pire.

Mais depuis plusieurs années, les scientifiques s'inquiètent d'un essoufflement des forêts tropicales, et craignent qu'elles puissent de moins en moins bien jouer leur rôle de puits de carbone. Et l'inquiétude vient notamment de la forêt amazonienne, qui représente la moitié des forêts tropicales de la planète.

"Jusqu'à présent, les forêts, en particulier les forêts tropicales, nous protégeaient en permettant de freiner le réchauffement. Mais notre dernier rempart, l'Amazonie, est en train de basculer."

Jean-Pierre Wigneron, chercheur à l'Inrae

à l'AFP

Avec la fonte des calottes glaciaires, le dégel du permafrost ou la disparition des récifs coralliens, le dépérissement de la forêt amazonienne fait partie des "points de rupture" ou "points de bascule" identifiés par les scientifiques comme des éléments clés dont la modification substantielle pourrait entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable.

Explosion de la déforestation avec Jair Bolsonaro

L'étude met d'autre part en avant la responsabilité méconnue, mais majeure, des dégradations de la forêt. Contrairement à la déforestation, qui fait disparaître la surface boisée, les dégradations incluent tout ce qui peut l'abîmer, sans pour autant la détruire totalement : arbres fragilisés en bordure des zones déforestées, coupes sélectives, petits incendies, mortalité des arbres liée à la sécheresse. Des atteintes moins facilement décelables que de grandes étendues rasées.

En utilisant un indice de végétation issu d'observations satellitaires micro-ondes, qui permettent de sonder l'ensemble de la strate de végétation et pas seulement le sommet de la canopée, l'étude conclut que ces dégradations de la forêt ont contribué à 73% des pertes de carbone, contre 27% pour la déforestation, pourtant de grande ampleur.

L'étude montre également l'explosion de la déforestation en Amazonie brésilienne en 2019, année de l'arrivée au pouvoir du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, mais aussi d'une sécheresse importante : 3,9 millions d'hectares perdus, soit 30% de plus qu'en 2015, et près de quatre fois plus qu'en 2017 et 2018.

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