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Alfred de Montesquiou, prix Albert Londres 2012 et journaliste multimédia
Le journaliste de Paris Match Alfred de Montesquiou, 34 ans, a gagné en 2012 le prix Albert Londres dans la catégorie presse écrite pour ses reportages en Libye. Sur le terrain, il ne se contente pas d’écrire. Il photographie. Filme. Et pour lui, internet est un moyen d’expression essentiel. Portrait d’un grand reporter multimédia.
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Temps de lecture : 6min
(Laurent Ribadeau Dumas, envoyé spécial à Montréal)
En 2004, Alfred termine ses études à l’école de journalisme de Columbia à New York. L’agence américaine Associated Press (AP) vient le recruter avant même qu’il soit diplômé. Il commence alors comme correspondant à Haïti avant d’être nommé au bureau du Caire. «J’ai beaucoup travaillé sur le Darfour. Tout en couvrant le Proche-Orient, notamment le Liban, et la Libye», raconte-t-il.
En 2008, il est nommé chef correspondant pour le Maghreb, poste basé à Alger. «Avec mon statut de correspondant de guerre, j’ai couvert l’action des forces spéciales des Etats-Unis au Mali. Mais cela m’a aussi permis de beaucoup travailler sur l’Afghanistan avec les marines américains et la légion étrangère française».
En 2010, il est débauché par Paris Match. «Quand je suis arrivé, j’ai fait des photos, ce qui a posé un problème culturel» dans un journal où l’image est reine. Même s’il part systématiquement sur le terrain avec un photographe, comme le veut la tradition du magazine du «poids des mots et du choc des photos».
Par ailleurs, habitué au rythme effréné de l’agence, le journaliste avait, au départ, l’impression d’une production bien moindre dans un hebdomadaire. «J’avais un peu la nostalgie de ma période à AP», vie d’agencier où l’on est tout le temps sur la brèche. «Alors, pour moi, internet est devenu essentiel. Cela m’a permis de gérer la frustration que je ressentais avec le rythme de l’hebdo. Mais aussi de varier la longueur et le style. A Match, le procédé d’éditing est très construit. Dans ce contexte, le web offre plus de liberté. Je peux faire délirant !», explique-t-il.
Le grand reporter a désormais une méthode de travail très organisée. Il est ainsi récemment parti une semaine à Alep en Syrie, avec une commande spécifique sur les «gavroches», ces enfants et adolescents qui s’en sortent tous seuls dans la guerre, comme ce jeune de 14 ans, devenu un excellent infirmier sur le tas. De retour en France un dimanche, Alfred de Montesquiou a donc commencé par écrire le papier commandé. Pour le lundi, il a rédigé pour le site de Match un article sur la situation des chrétiens de la ville d’Alep. «Alors que la communauté chrétienne était très importante avant la guerre, elle ne compte plus aujourd’hui que sept personnes, des retraités, confinés dans la vieille ville».
Le lendemain, il sort une vidéo sur la cité meurtrie, montrant notamment des images d’un minaret du XIIe siècle, détruit par un bombardement. Et le jeudi, il met en ligne un papier sur Alep divisée. Bref, de quoi meubler sa vie de journaliste !
«Un vrai prix de journalisme»
Le jury Albert Londres a donc décidé de le récompenser pour ses reportages sur la révolution libyenne, publiés dans la version papier de l’hebdomadaire.
En 2011, Alfred de Montesquiou a séjourné à de multiples reprises en Libye. «En février-mars, je suis notamment resté deux-trois semaines à l’hôtel Rixos à Tripoli, où le régime Kadhafi confinait les journalistes étrangers. Au départ, ce dernier n’avait pas compris qu’il y avait une révolution. Et un chauffeur gouvernemental m’accompagnait vers les zones rebelles où je passais la journée pour me ramener le soir à l’hôtel !» Celui-ci ne l’a jamais ne m’a jamais dénoncé. En avril, il se rend à Misrata en passant par Malte pour forcer le blocus mis en place par l’OTAN. En août, il assiste à la chute de Tripoli. Et fin octobre, lors de la mort de Kadhafi, il est à nouveau dans le pays. «A Misrata, j’ai fait à la demande de Match un reportage écrit très tourné vers l’humain, notamment les femmes et les enfants. J’ai aussi tourné une vidéo sur les combats, qui a été vue, je crois, 800.000 fois».
A Misrata, au coeur des combats
Vidéo mise en ligne le 21-4-2011
Le prix Albert Londres est un couronnement pour ce grand reporter multi-fonctions intrépide, qui a participé en 2013 aux travaux du jury à Montréal. «C’est un vrai prix de reportage, un peu le Pulitzer français, pas une récompense de copinage. Il a un souci d’indépendance farouche. Le style et la narration comptent énormément, comme le souffle que fait passer le papier. Il est caractéristique du journalisme à la française, un journalisme humaniste», explique-t-il.
Et lui, que lui a apporté personnellement le prix auquel Match l’avait inscrit ? «Notamment de mieux connaître le milieu journalistique français, que je connaissais assez mal, ayant beaucoup travaillé à l’étranger».
La récompense lui a aussi apporté un surcroît de notoriété. Il a ainsi été contacté par les éditions du Seuil chez qui il vient de publier «Oumma». Un livre dans lequel il raconte sa vie de grand reporter au Moyen-Orient. «J’ai eu la chance de travailler presque partout dans le monde arabe, d’y croiser des gens exceptionnels et d’y vivre les moments les plus historiques de ces dernières années. J’ai été blessé, j’ai perdu plusieurs collègues et amis, dont un très proche, j’ai vu souffrir et mourir plus de monde que je n’aurais cru possible en une vie entière. Mais pour toutes ces difficultés, il y a également une vraie joie à être journaliste. Être payé pour voyager et pour écrire : que demander de plus ?», explique-t-il sur le site de son éditeur. La passion, toujours…
En 2004, Alfred termine ses études à l’école de journalisme de Columbia à New York. L’agence américaine Associated Press (AP) vient le recruter avant même qu’il soit diplômé. Il commence alors comme correspondant à Haïti avant d’être nommé au bureau du Caire. «J’ai beaucoup travaillé sur le Darfour. Tout en couvrant le Proche-Orient, notamment le Liban, et la Libye», raconte-t-il.
En 2008, il est nommé chef correspondant pour le Maghreb, poste basé à Alger. «Avec mon statut de correspondant de guerre, j’ai couvert l’action des forces spéciales des Etats-Unis au Mali. Mais cela m’a aussi permis de beaucoup travailler sur l’Afghanistan avec les marines américains et la légion étrangère française».
En 2010, il est débauché par Paris Match. «Quand je suis arrivé, j’ai fait des photos, ce qui a posé un problème culturel» dans un journal où l’image est reine. Même s’il part systématiquement sur le terrain avec un photographe, comme le veut la tradition du magazine du «poids des mots et du choc des photos».
Par ailleurs, habitué au rythme effréné de l’agence, le journaliste avait, au départ, l’impression d’une production bien moindre dans un hebdomadaire. «J’avais un peu la nostalgie de ma période à AP», vie d’agencier où l’on est tout le temps sur la brèche. «Alors, pour moi, internet est devenu essentiel. Cela m’a permis de gérer la frustration que je ressentais avec le rythme de l’hebdo. Mais aussi de varier la longueur et le style. A Match, le procédé d’éditing est très construit. Dans ce contexte, le web offre plus de liberté. Je peux faire délirant !», explique-t-il.
Le grand reporter a désormais une méthode de travail très organisée. Il est ainsi récemment parti une semaine à Alep en Syrie, avec une commande spécifique sur les «gavroches», ces enfants et adolescents qui s’en sortent tous seuls dans la guerre, comme ce jeune de 14 ans, devenu un excellent infirmier sur le tas. De retour en France un dimanche, Alfred de Montesquiou a donc commencé par écrire le papier commandé. Pour le lundi, il a rédigé pour le site de Match un article sur la situation des chrétiens de la ville d’Alep. «Alors que la communauté chrétienne était très importante avant la guerre, elle ne compte plus aujourd’hui que sept personnes, des retraités, confinés dans la vieille ville».
Le lendemain, il sort une vidéo sur la cité meurtrie, montrant notamment des images d’un minaret du XIIe siècle, détruit par un bombardement. Et le jeudi, il met en ligne un papier sur Alep divisée. Bref, de quoi meubler sa vie de journaliste !
«Un vrai prix de journalisme»
Le jury Albert Londres a donc décidé de le récompenser pour ses reportages sur la révolution libyenne, publiés dans la version papier de l’hebdomadaire.
En 2011, Alfred de Montesquiou a séjourné à de multiples reprises en Libye. «En février-mars, je suis notamment resté deux-trois semaines à l’hôtel Rixos à Tripoli, où le régime Kadhafi confinait les journalistes étrangers. Au départ, ce dernier n’avait pas compris qu’il y avait une révolution. Et un chauffeur gouvernemental m’accompagnait vers les zones rebelles où je passais la journée pour me ramener le soir à l’hôtel !» Celui-ci ne l’a jamais ne m’a jamais dénoncé. En avril, il se rend à Misrata en passant par Malte pour forcer le blocus mis en place par l’OTAN. En août, il assiste à la chute de Tripoli. Et fin octobre, lors de la mort de Kadhafi, il est à nouveau dans le pays. «A Misrata, j’ai fait à la demande de Match un reportage écrit très tourné vers l’humain, notamment les femmes et les enfants. J’ai aussi tourné une vidéo sur les combats, qui a été vue, je crois, 800.000 fois».
A Misrata, au coeur des combats
Vidéo mise en ligne le 21-4-2011
Et lui, que lui a apporté personnellement le prix auquel Match l’avait inscrit ? «Notamment de mieux connaître le milieu journalistique français, que je connaissais assez mal, ayant beaucoup travaillé à l’étranger».
La récompense lui a aussi apporté un surcroît de notoriété. Il a ainsi été contacté par les éditions du Seuil chez qui il vient de publier «Oumma». Un livre dans lequel il raconte sa vie de grand reporter au Moyen-Orient. «J’ai eu la chance de travailler presque partout dans le monde arabe, d’y croiser des gens exceptionnels et d’y vivre les moments les plus historiques de ces dernières années. J’ai été blessé, j’ai perdu plusieurs collègues et amis, dont un très proche, j’ai vu souffrir et mourir plus de monde que je n’aurais cru possible en une vie entière. Mais pour toutes ces difficultés, il y a également une vraie joie à être journaliste. Être payé pour voyager et pour écrire : que demander de plus ?», explique-t-il sur le site de son éditeur. La passion, toujours…
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